La Sky et le Giro, c’est une longue histoire d’amour, souvent contrariée. En sept ans d’existence, jamais l’équipe britannique n’a réussi à ramener le maillot rose. Bradley Wiggins, Rigoberto Uran, Richie Porte et Mikel Landa : pas aidés par les aléas, ils se sont tous cassés les dents sur les routes italiennes. Et Geraint Thomas, l’homme qui devait mettre fin à la mauvaise série cette année, n’a pas non plus été épargné par la malchance.

2010-2011 : Froome et Wiggo à la rue

Bradley Wiggins n’est pas encore un grand grimpeur, et ça se voit. Pour le premier Giro de la Sky, il est le chef de file des Britanniques, mais il va vite se rendre compte des difficultés de l’épreuve. Après avoir remporté le chrono inaugural à Amsterdam, il chute deux fois en première semaine puis concède 25 minutes au Monte Zoncolan. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Chris Froome, lui, n’a plus pris le départ de la course rose depuis 2010 : année où il avait été disqualifié pour s’être accroché à une moto. Tout avait donc commencé difficilement. Pendant deux ans, la bande à Dave Brailsford se contente d’apprendre. Dario Cioni – aujourd’hui directeur sportif chez Sky – termine 17e en 2010, Thomas Löfkvist 20e l’année suivante. La priorité ne va clairement pas au premier grand tour de la saison.

2013 : Wiggins déchante

Fort d’une victoire finale dans le Tour de France, “Wiggo” vient sur le Giro dans la peau d’un favori. Accompagné d’Uran et Henao, qui se sont aguerris l’année précédente, l’Anglais rêve de maillot rose. Sauf que les routes de juillet n’ont rien à voir avec celles du mois de mai. La route vers Pescara voit Wiggins se faire distancer dans l’ultime montée, puis chuter dans la descente : il perd alors près d’une minute trente et voit son objectif s’éloigner. Avant de s’envoler définitivement lorsqu’il craque sur la première étape de haute montagne… remportée par Uran. C’est une sorte de passation de pouvoir : Wiggins abandonne en deuxième semaine tandis que le Colombien monte en puissance. Uran terminera même deuxième du général derrière un Vincenzo Nibali intouchable.

2015 : Porte face au règlement

Après un début de saison en fanfare, Richie Porte se place comme le challenger n°1 d’Alberto Contador. Pour la première fois, l’Australien est propulsé leader sur une épreuve de trois semaines. Il a tout à prouver. Et jusqu’à la dixième étape, tout va correctement : le garçon est sur le podium provisoire et attend les grandes explications. Seulement voilà, à Forli débute son calvaire avec une crevaison à quelques kilomètres de l’arrivée. Pris de panique, Porte s’empare de la roue de son compatriote Simon Clarke… qui court pour l’équipe Orica. Or le règlement interdit d’être dépanné par un coureur d’une autre formation : Richie Porte écope de deux minutes de pénalité. Trois jours plus tard, il est ralenti par une chute collective et perd de nouveau du temps ; avant que les deux étapes suivantes (un contre-la-montre et une étape de montagne) anéantissent définitivement ses espoirs de victoire, le reléguant à plus de 35 minutes du maillot rose de Contador.

2016 : Landa passe au travers

Mikel Nieve, Nicolas Roche et Sebastian Henao n’ont pas le niveau pour aller chercher cette victoire qui fuit la Sky. Mais ils devaient accompagner la nouvelle recrue, Mikel Landa, pour enfin y parvenir. L’Espagnol, brimé par la tactique Astana sur le Giro 2015, avait faim de revanche. Longtemps dans le coup, gagnant même du temps là où on ne l’attendait pas forcément, le Basque va toutefois subir une fièvre brutale, le poussant à l’abandon lors de la dixième étape. C’est la bérézina pour Sky, où les lieutenants sont déjà loin au général. Dario Cioni, le directeur sportif, passe alors la consigne : il faut gagner une étape. Nieve relèvera vite le pari en s’imposant trois jours plus tard. Mais cela ne suffira pas pour sauver le bilan de la formation britannique. Le mieux classé à Turin ? Sebastian Henao, 17e.

2017 : Thomas n’y peut rien

Comme Porte deux ans avant lui, Geraint Thomas voulait profiter du Giro pour enfin prouver sa valeur en tant que leader sur trois semaines. Avec Landa comme co-leader et une flopée de lieutenants, tout semblait millimétré. Et puis patatras, une moto mal garée, cinq Sky par terre dont les deux chefs de file. Rosa abandonne, Landa perd 26 minutes et Thomas seulement cinq. Mais ce sont les espoirs de maillot rose qui s’envolent. La malchance, encore une fois. « Cette moto ne devait pas être là. Je suis sûr que le motard le savait. On ne va pas aller plus loin, mais il faut se demander pourquoi c’est arrivé », a réagi Dave Brailsford, le manager de la Sky. Evidemment, l’organisation du Giro est responsable de cet incident – elle avait déjà montré des failles vendredi dernier avec un commissaire de course placé en plein virage à angle droit. Evidemment, la Sky peut être déçue. Mais dans l’esprit du grand public, et peut-être dans celui des Sky, apparaît petit à petit l’idée d’une certaine malédiction sur les routes italiennes.

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