Personne ne l’avait vu venir. Premier col, et déjà un coup de tonnerre. Victime d’un problème mécanique dans la montée de Choëx, Christophe Froome a été dépanné par un coéquipier, est revenu dans le groupe de favoris, puis a lâché. Pour terminer l’étape à plus de 17 minutes du vainqueur Zakarin…

20 kilomètres et des questions

Le Tour de Romandie devait réellement commencer ce jeudi, et avec la saison de Chris Froome. Mais personne n’imaginait que la course au maillot jaune serait ainsi lancée. Le leader de la Sky, qui devait venir en Suisse pour marquer sa suprématie à deux mois du Tour de France, est d’ores et déjà passé à côté de sa semaine, et a fait étalage d’une faiblesse qu’on ne lui connaît pas véritablement. D’habitude, il a des excuses. Les chutes, un programme chamboulé, trop de courses accumulées. Mais pas cette fois. En seulement 20 kilomètres, dans le final de cette étape qui menait à Morgins, il a semé d’énormes doutes. La Romandie est pourtant, d’habitude, son jardin. En 2013 et 2014, l’Anglais avait dominé son monde pour montrer qu’il était bien le patron sur les courses par étapes. Et l’an dernier, il avait fallu un duo Zakarin-Spilak incroyable pour le repousser sur la troisième marche du podium.

Alors bien sûr, les jours sans existent. Mais dans ces proportions et concernant « Froomey », c’est du jamais vu. Le Britannique nous avait habitué, même lorsqu’il était en difficulté, à le cacher et à limiter la casse avant des jours meilleurs. Cette fois, il aura suffit d’une crevaison de la roue avant pour que tout s’enraye, sans que l’on sache véritablement si sans cet incident, sa course aurait été différente. Laissé seul, sans équipier, il était pourtant parvenu à rentrer sur le groupe maillot jaune. En prenant son temps, certes, mais il restait encore une difficulté après la côte de Choëx et on pouvait légitimement imaginer qu’il ne voulait pas se mettre dans le rouge. Sauf que dès les premières offensives il a perdu du terrain, jusqu’à redescendre très bas. Mikel Nieve, qui lui avait donné sa roue, est revenu sur son leader. Puis il l’a traîné pendant 15 kilomètres, voyant à peu près tout le monde les reprendre et les lâcher. A l’arrivée, le double vainqueur du Tour est 99e, et termine dans le même temps que le sprinteur Beppu. Indigne de son standing.

Prologue annonciateur et grand chantier ?

Rétrospectivement, on peut se dire que le prologue aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Concéder 26 secondes en cinq kilomètres, ce n’est pas dans les habitudes du garçon, normalement aussi dominateur en montagne que dans l’effort solitaire. A n’en pas douter, cette semaine va donc marquer la saison de Christopher Froome, obligé de réagir. Demain, le contre-la-montre aurait pu lui permettre de se rassurer s’il n’avait pas tout perdu ce jeudi. Mais avec un tel éclat, difficile de l’imaginer tenir la dragée haute à ceux qui jouent encore le classement général. Ce Tour de Romandie restera quoi qu’il arrive comme un échec, parce que Froome n’y aura pas tenu son rang. Mais dès aujourd’hui, alors que l’épreuve est loin d’être terminée, il va falloir en tirer les conséquences. Et se remettre au travail, car vraisemblablement, l’enfant de Nairobi n’est pas au point. Deux courses par étapes d’une semaine puis Liège-Bastogne-Liège avant la Romandie, il a pourtant jusque là suivi le même programme que les années précédentes. Celui qui l’avait mené à la victoire en juillet il y a seulement une saison. Alors si Christopher Froome souffre d’un mal profond, la Sky doit rapidement trouver quoi. Les échéances arrivent vite, et cet été, il n’aura pas le droit de passer au travers de cette façon. Pas une seule fois.

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