Le cyclisme est entré dans une nouvelle ère, celle de Chris Froome. Terriblement fort, il a pratiquement relégué la concurrence au rang de spectatrice lors de ses principaux objectifs. Entre interrogations des sceptiques et baisse de forme en fin de saison, tout n’a pas été facile pour le Kenyan d’origine, qui a maintes fois du prouver son courage et sa force pour se délester un à un des obstacles qui barraient sa route vers l’accession au Graal : le Tour de France. Malgré l’hostilité du public et la révolte de Quintana, Froome a tenu bon jusqu’à Paris.

Une libération précoce annonciatrice

Avant de dégager enfin la plénitude de son potentiel, Froome a du conquérir les faveurs de sa propre équipe Sky, qui sentait que le vent était en train de tourner, mais qui ne pouvait totalement écarter Sir Bradley Wiggins auteur l’année précédente d’une saison époustouflante à tout point de vue. Froome a donc pris les choses en main pour affirmer sa suprématie dès l’entame de la saison. Tandis que le multiple champion olympique accumulait les pépins, le deuxième du Tour 2012 a dominé, écrasé, étouffé le calendrier, s’offrant dans l’ordre, Oman, Critérium International et Tour de Romandie. Exilé sur un Giro apocalyptique, Wiggo a lui sombré, laissant à Froomey un boulevard pour s’exprimer.

Image réellement marquante de cette saison, plus encore que tout ce qu’il a pu se passer ensuite sur le Tour de France, le duel, ou plutôt le non-duel Froome-Contador sur le Dauphiné. Arrivé rempli de certitudes, l’ancien Pistolero est reparti la queue entre les jambes avec une valise monumentale dans le contre-la-montre et une humiliation en règle en haute-montagne. Prologue parfait de la Grande Boucle, le Dauphiné avait laissé entrevoir le scénario du mois de juillet.

Dépasser un climat hostile

Tour de France, 8e jour, première grande étape de montagne vers Ax-3 Domaines : le duo Porte-Froome s’envole et déjà les réactions fusent pour mettre en doute la crédibilité de cette performance. Le suspense n’est plus, et ça, le public et les médias français ne peuvent l’avaler, il faut relancer l’intérêt du spectacle en partant en croisade contre Froome. L’accélération d’un style nouveau du maillot jaune sur le Mont Ventoux gonfle la polémique, et Thierry Adam en personne s’abat sur le leader de la Sky. On en oublierait presque que Quintana, le Colombien descendu des montagnes, parti dès le pied, ne termine qu’à 29 secondes, oui 29 petites secondes. Troisième de l’étape à moins d’une minute trente, Mikel Nieve, tractant sur son porte-bagages un Contador en perdition. De quoi remettre en perspective la situation, n’est-ce pas ?

Le soldat Froome a fait le dos rond, encaissé les attaques, dépensant autant d’énergie pendant les étapes qu’en conférence de presse. La dernière semaine fut délicate à gérer avec l’essor de Quintana, soutenu par un Valverde plus brillant que jamais. De la double ascension de l’Alpe d’Huez aux nouvelles pentes du Semnoz, l’Anglais a d’ailleurs souvent plié, mais n’a jamais rompu. L’émotion affichée par son sacre sur les Champs-Elysées révèle alors l’humanité et l’humilité d’un Froome enfin récompensé des immenses efforts consentis pour progresser. En Afrique du Sud au sens large, des scènes de liesses hors du commun sont survenues pour fêter le triomphe de cet enfant du Commonwealth devenu roi de la petite reine au cours de l’année 2013.

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