Contador, Froome, Quintana, Rodriguez, Valverde, Uran et consorts au départ du troisième grand tour de l’année, cela alimentait forcément les pronostics et le sentiment d’assister à l’une des Vuelta les plus relevées de ces dernières années. Cependant, presque comme toujours, les états de forme ne sont pas forcément ceux attendus, et il est bon de revoir son jugement au fur que l’épreuve avance. Cette fois, on peut légitimement dire qu’on s’oriente vers un classement général très disputé, mais dont quelques tendances ont de quoi être confortées au soir de l’ascension vers Aramon Valdelinares. Petite revue d’effectif chez les leaders, à 48 heures d’un contre-la-montre de 36 kilomètres déjà très important.

Nairo Quintana (Maillot rouge) : Il y a encore quelques jours, nous nous demandions encore qui était le patron chez Movistar. En effet, Alejandro Valverde entretenait le doute après une démonstration personnelle sur les pentes de La Zubia et des velléités offensives surprenantes durant cette première semaine. Mais ce dimanche, le Colombien s’est personnellement rassuré, en suivant – de loin – l’attaque de Contador, pour revenir sur le Madrilène dans les derniers mètres, en s’arrachant. On imagine ainsi Quintana adopter le schéma victorieux du dernier Giro, où il était progressivement monté en puissance avant d’imposer sa supériorité en troisième semaine. Toutefois, c’est le week-end prochain qui s’annonce crucial pour le général, et on sent le Colombien véritablement entré dans la danse en prenant par la même occasion le maillot rouge de leader. Reste à savoir comment se il comportera avec le paletot, qu’il devra défendre d’emblée dans le chrono mardi, au lendemain de la première journée de repos. Ce n’est pas encore le grand Nairo, mais on s’en rapproche petit à petit…

Alberto Contador (Deuxième à 3″) : Le Pistolero avait entretenu le mystère, depuis le départ de Jerez, sur sa condition. Diminué ou non, sortait-il d’une période de récupération fructueuse ? Son attaque tranchante dans les portions les plus difficiles du dernier col ce dimanche suffisent pour lever le doute sur les véritables objectifs du leader de Tinkoff. Il n’hésitera pas à passer à l’offensive, et visera la gagne, au cas ou cela n’était pas déjà clair depuis l’épisode des bordures. Ayant retrouvé son meilleur niveau dans tous les domaines en 2014, sa performance chronométrée devra être scrutée de près. Il est largement capable de s’accaparer le maillot de leader mardi soir. Pour ne plus le lâcher ? Tout porte en tout cas à croire que sa forme devrait monter crescendo jusqu’aux étapes clés.

Alejandro Valverde (Troisième à 8″) : En montrant assez rapidement ses limites dès les premières attaques de Dan Martin, puis lors de l’allumage de mèche d’Alberto Contador, Alejandro Valverde s’est effacé au profit de Nairo Quintana, son leader présumé, malgré des interrogations encore légitimes. En ayant remporté son étape et porté la tunique rouge, sa Vuelta est d’ores et déjà réussie, mais de là à disparaître des écrans radars, il y a un pas que l’on n’osera pas franchir… Le scénario le plus plausible est celui d’un Valverde en embuscade, prêt à épauler Quintana dans les moments importants, mais aussi à l’affût de la moindre opportunité personnelle qui s’ouvrirait à lui.

Chris Froome (Cinquième à 28”) : Le Britannique a joué la carte du bluff depuis quelques jours. Tombant vendredi sur l’étape d’Alcaudete, il a ensuite fait rouler continuellement ses infatigables équipiers de la Sky, faisant en sorte de dissuader ses rivaux de l’attaquer, mais jouant également les bonifications. Mais vers Valdelinares, dès que Contador s’est envolé, Froome a montré un visage de souffrance peu commun, et peut s’estimer heureux de rester dans le coup et d’avoir pu tenir le tempo de Fabio Aru et Rigoberto Uran. La journée de repos tombe à pic pour le Kenyan blanc, qui sera forcément très attendu sur l’une de ses grandes spécialités, à savoir le contre-la-montre. Ce serait un échec pour lui s’il ne refaisait pas son retard sur Quintana.

Joaquim Rodriguez (Sixième à 32”) : Décevant sur la première arrivée au sommet de la Vuelta, jeudi en haut de l’Alto de Cumbres Verdes, Purito s’est refait une santé aujourd’hui. S’il n’est pas aussi explosif qu’il a pu l’être, il a passé avec succès le test de la première explication entre les favoris. Sans doute pas assez pentu pour lui, le final a de quoi lui apporter malgré tout la satisfaction légitime d’avoir accompagné Nairo Quintana, et de pouvoir reprendre du temps sur ses autres adversaires avant l’exercice solitaire, son plus grand cauchemar. Sixième au général, il clôt un sextuor se tenant en une demi-minute, se détachant déjà des autres outsiders. Sa première semaine n’est pas vraiment idéale, mais s’il parvient à limiter la casse sur la route de Borja, il pourrait revenir dans la lutte mercredi. La montée de San Miguel de Aralar et ses pentes atteignant 14% est sûrement dans un coin de sa tête.

Et derrière ? Révélation du dernier Tour d’Italie, Fabio Aru est assez discret pour le moment, se contentant de suivre les principaux mouvements et de grimper à son rythme. Il apparaît en retrait par rapport aux Contador, Quintana ou Rodriguez, tout comme Rigoberto Uran, qui annonçait venir pour remporter sa première course de trois semaines. Lâché à La Zubia, il est pointé à 1’26 du leader de Movistar, et devra sortir un chrono de haute volée, à l’image de sa performance de Barolo en mai dernier, pour espérer quelque chose en vue des prochaines échéances. Quant à Warren Barguil, il semble que sa chute spectaculaire de vendredi ne l’ait pas trop handicapé. Le Breton ferme la marche des dix premiers, d’où a été éjecté Esteban Chaves, lointain 34ème du jour, au profit de Winner Anacona, vainqueur en solitaire.

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