Pendant que le Tour de Catalogne s’est disputé en offrant un spectacle tout relatif, et après un Milan-Sanremo encore arrivé au sprint, les flandriennes, elles, émerveillent. Même quand on entre dans le vif du sujet, pas question pour les cadors de la jouer petits bras. L’attaque est le maître mot, partout, tout le temps. Et on aime ça.

Remettre ça, encore et toujours

Soit disant, Gand-Wevelgem devait être la classique des sprinteurs. Ce dimanche, un trio en avait décidé autrement : Fabian Cancellara, Peter Sagan et Sep Vanmarcke. Et aux trois attaquants dominicaux, il faut ajouter Greg Van Avermaet et Michal Kwiatkowski, qui se sont mis en évidence sur A Travers la Flandre et le GP E3, plus tôt dans la semaine. C’est grâce à eux que l’on a vibré, pendant que sur les courses bien plus au Sud, l’ennui prend un peu trop souvent le pas. Pourtant, sur des épreuves d’un jour où un mauvais choix tactique est presque toujours fatal, la tentation pourrait être grande de la jouer placée, sans prendre trop de risques. Sauf que ce n’est pas le tempérament des mangeurs de pavés. Peter Sagan, battu comme un débutant vendredi lors du GP E3, n’a pas hésité à remettre ça ce dimanche sur Gand-Wevelgem. Résultat ? Sa première victoire avec le maillot arc-en-ciel, et la fin d’une très mauvaise série de deuxièmes places.

Fabian Cancellara, bien sûr, fait aussi partie de ceux qui n’hésitent pas à mettre en péril une place d’honneur pour aller chercher la victoire. Il est même, sans aucun doute, la référence en la matière. Alors il n’a pas tergiversé. Pour son dernier passage dans le Mont Kemmel, il a d’abord pris la tête du peloton, puis a sauté dans la roue de Peter Sagan quand le Slovaque a accéléré. Parce que les deux hommes ont fait du panache leur leitmotiv. En emmenant avec eux un Sep Vanmarcke des grands jours, ils ont donc faussé compagnie aux sprinteurs, comme l’avait déjà fait le champion du monde vers Harelbeke en compagnie de Kwiatkowski. Van Avermaet, lui, avait aussi tenté le coup mercredi sur A Travers la Flandre, mais n’avait pu résister, et avait été repris à 300 mètres de la ligne. Qu’importe. Tous nous ont fait vibrer. Quand les courses par étapes sont parfois amorphes, les classiques belges, pour le moment, nous offrent ce pour quoi tout le monde aime le vélo.

Partir de loin, ça paye

Des courses où les plus forts n’ont peur de rien. Sur le GP E3 comme sur Gand-Wevelgem, c’est à environ 35 kilomètres que s’est formé le bon coup. Qu’il est loin l’attentisme des grimpeurs, qui en Catalogne par exemple n’ont jamais daigné bouger avant les deux derniers kilomètres, à La Molina ou à Port Ainé. Malgré tous ses efforts, jamais l’armada Etixx n’a donc pu contrarier les velléités des attaquants cette semaine. La preuve que même le meilleur collectif du monde n’est pas toujours plus fort que plusieurs grandes individualités. Cancellara, Sagan, Van Avermaet, Vanmarcke et même Kwiatkowski sont des offensifs. Forcément, ils ont cumulé de nombreuses places d’honneur. Pour certains, on le leur a même reproché. Mais cette semaine, ils ont enthousiasmé tous les observateurs, et en plus, ils ont fait étalage du fait que prendre des risques peut aussi mener au succès. Ces cinq là, dans une certaine mesure, auraient aussi eu des chances de gagner en se cachant toute la journée jusqu’au sprint final. Ils ont préféré jouer la carte de l’attaque. On les en remercie.

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