L’Italie toute entière s’enthousiasmait rien qu’à évoquer, depuis la présentation du parcours, le prochain Giro. Mais ce mercredi, la joie des tifosi est retombée, la faute aux invitations décernées. Sur quatre wild-cards, seules deux vont à des équipes italiennes. Du coup, Androni et Nippo-Vini Fantini restent sur le carreau. Assez pour gâcher un peu la fête.

Le grand écart

Les chiffres sont saisissants. En 1997, au départ de Venise, on comptait pas moins de 16 équipes italiennes – dont une de San Marin. Vingt ans plus tard, à Alghero, il n’y en aura que deux. Et le comble, il s’agit de formations de deuxième division. Le signe incontestable d’un déclin pour le cyclisme transalpin, mais pas seulement. Au niveau des coureurs, les Italiens restent les plus représentés au sein du World Tour cette saison. Preuve qu’ils ne sont pas totalement devenus des peintres. En revanche, chez RCS – l’organisateur de la course rose –, on a fait une croix sur le patriotisme au moment de décerner les invitations. En 2012 déjà, à une époque où les grandes épreuves avaient du mal à donner des wild-cards à des équipes étrangères, Mauro Vegni avait fait le pari d’inviter NetApp. Il apparaissait alors comme un précurseur. Mais aujourd’hui, il a surtout pris le costume du rabat-joie.

Des choix contestables

Androni, malgré son effectif imposant pour une équipe de deuxième division, peut aller se rhabiller. La bande à Gianni Savio semble payer sa réputation et les déviances de ses coureurs ces derniers mois. Peut-être pour la dernière fois. « Il y a une probabilité qu’à la fin de la saison, l’équipe disparaisse, a réagi le manager transalpin sur Cyclingnews. Nous avons eu une wild-card pour Tirreno-Adriatico, mais moi, je prépare mon équipe pour le Giro. Pas pour Tirreno-Adriatico. » L’équipe Nippo-Vini Fantini, elle, paraissait un peu moins légitime sur le plan sportif. Mais la présence de Damiano Cunego et Julian Arredondo aurait pu, à elle seule, justifier une invitation. Ce ne fut pas le cas, et pour la première fois depuis 2003, le « Petit Prince » ne disputera ni le Giro ni le Tour de France. CCC Sprandi et Gazprom-Rusvelo s’en frottent les mains.

Problème, les deux équipes sont aussi impliquées parmi les partenaires du Tour d’Italie. Colnago, fournisseur de cycles de Gazprom, est désormais sponsor des maillots rose et blanc. Les liens entre Sprandi et la course rose sont aussi conséquents, à tel point que Mauro Vegni aurait déjà assuré à la Pologne qu’elle accueillerait le Grand Départ de 2018. Si tel est le cas, une édition 2017 sans CCC Sprandi était impensable. Alors le favoritisme national exacerbé au moment de décerner les invitations n’a pas toujours été une bonne nouvelle. Mais pour cette édition historique, elle n’aurait pas été malvenue, et le monde du vélo aurait aimé voir au moins trois formations italiennes au départ, en mai prochain. Tant pis, il faudra se contenter de ce que l’organisation a bien voulu nous offrir. En espérant que Bardiani et Willier Triestina portent haut les couleurs de l’Italie sur ce centième Giro.

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