A San Luis fin janvier puis sur la première étape du Tour de Dubaï cette semaine, Mark Cavendish a levé les bras. Des premiers bouquets décrochés très tôt, chose peu habituelle pour le Britannique et qui semble témoigner d’un besoin de se rassurer. Malgré tout, reconquérir son statut de meilleur sprinteur du monde paraît encore loin.

Un statut envolé

Deux victoires en dix jours de course, c’est le bilan du Cav’ en ce début de saison 2015. Il n’a jamais fait mieux, mais il a déjà fait aussi bien à trois reprises : en 2009, 2012 et 2013. La première fois, c’était donc à une époque où il était tellement dominateur que quasiment chacun de ses sprints se terminait par une victoire, en janvier comme en juillet. Il avait bouclé la saison avec six bouquets sur la Grande Boucle, trois sur le Giro et un succès sur Milan-Sanremo. Les deux suivantes, c’était dans des situations comparables à celle d’aujourd’hui. L’Anglais, qui découvrait à chaque fois une nouvelle équipe, avait besoin de montrer qu’il était le patron. A chaque fois, cela a auguré des saisons moyennes. En ce début d’année, c’est peu ou prou la même chose. L’ancien champion du monde sort d’une saison ratée, la faute en partie à sa chute sur la première étape du Tour, et a besoin de retrouver confiance autant que de rassurer ses dirigeants.

C’est ce qu’il essaie en fait de faire depuis plus de trois ans maintenant. Car depuis qu’il a quitté l’équipe HTC-High Road, rien ne se déroule plus comme avant. Censé être dans ses meilleures années, l’homme de l’île de Man décroche chaque saison de moins en moins de succès, en particulier sur le Tour, où il était à l’époque prolifique. Pourtant, c’est peu dire que Patrick Lefevere tente depuis l’arrivée de Cavendish chez OPQS, en 2012, de le mettre dans les meilleures conditions. Tony Martin et Mark Renshaw travaillent pour lui, comme à l’époque de l’armada de Bob Stapleton. Mais ça ne suffit pas. Jamais très expansif quand il s’agit d’évoquer ses difficultés, le sprinteur britannique a dû laisser le statut de meilleur sprinteur du peloton à Marcel Kittel, et ne peut que courir après un leadership qu’on l’imagine de moins en moins récupérer.

Des victoires pas si rassurantes

Si Cavendish a gagné une étape à San Luis et une autre – pour l’instant – à Dubaï, il a aussi été battu. Et ça non plus, ce n’est pas bon signe. En 2009, c’était la victoire et rien d’autre, aucun podium ne traînait pour souligner des sprints disputés mais ratés. La preuve que le garçon, qui avait décidé de reprendre la saison en étant déjà en forme, était bien au dessus du lot. Cette fois, il a fait un choix similaire au niveau de sa prépration, sauf qu’il accumule les accessits, battu par Fernando Gaviria et Elia Viviani. De quoi nous rappeler ses rentrées 2012 et 2013, soit celles qui témoignent d’un Cavendish en forme, et pourtant pas dominateur. Pas forcément rassurant de la part d’un coureur qui continue de courir après son niveau des années HTC.

A seulement 29 ans, l’Anglais a pourtant le temps et théoriquement le physique pour remonter la pente et redevenir le bolide presque imbattable qu’il était. Mais avec un salaire qui dépasse les trois millions d’euros annuels, pas sûr que Patrick Lefevere lui laisse ce temps. Cavendish est dans sa dernière année de contrat, et s’il assure vouloir continuer chez Etixx, le manager belge pourrait y réfléchir à deux fois avant de prolonger son sprinteur. Alors qu’on parle d’un probable recrutement de Gaviria, les dirigeants pourraient décider de miser sur de jeunes spécialistes des emballages finals sans s’obstiner avec un Cav’ qui peine à montrer qu’il n’est pas sur le déclin. D’autant que chez Etixx, on ne vise que l’excellence. Il reste donc onze mois au natif de Douglas pour montrer qu’il n’est pas encore temps de le ranger au placard.

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