Parmi les cinq invitations distribuées par A.S.O en vue du prochain Tour de France, une a logiquement été attribuée à l’équipe MTN-Qhubeka. Une première pour une formation africaine qui fera entrer en juin prochain les hommes de Douglas Ryder dans l’histoire de la Grande Boucle.

Si logique et pourtant inédit

« Quand j’ai reçu le message de Christian Prudhomme m’annonçant la bienvenue sur le Tour de France, je ne pouvais tout simplement pas me contenir. Je l’ai crié à ma femme puis les choses ont commencé à devenir folles. J’ai attendu ce genre de nouvelles toute ma vie. » Les mots de Douglas Ryder, manager sportif, suffisent à exprimer l’importance de cette invitation sur la course la plus médiatisée du monde. Après plusieurs années de progression linéaire, marquée par des invitations successives sur les grandes classiques italiennes puis sur la Vuelta, l’équipe MTN-Qhubeka a enfin décroché le sésame tant attendu. Et c’est d’une logique implacable. Si les wild-cards d’Europcar et Bretagne-Séché Environnement ne souffrent d’aucune contestation compte tenu de l’aspect – en partie – patriotique dont relèvent les invitations, la formation sud-africaine semble bien au-dessus sportivement, et peut être considérée comme l’une des toutes meilleures de deuxième division.

Avec un recrutement ambitieux à l’intersaison, qui vient compléter le vivier de coureurs africains, la structure africaine apparaît comme tout à fait légitime pour participer à la Grande Boucle. Christian Prudhomme ne s’est d’ailleurs pas montré hésitant au moment de justifier son choix, se remémorant les mots de Bernard Hinault par le passé. « Il a vu Natnaël Berhane et les autres jeunes érythréens pour la première fois au Gabon, à la Tropicale Amissa Bongo, il y a quelques années. A son retour, il m’a dit : ‘’Ils me font penser aux Colombiens des années 1980. Il faut les laisser mûrir. Quand ils seront prêts, ils feront mal !’’ » Il semblerait que l’heure soit arrivée, même si l’effectif est beaucoup plus cosmopolite qu’au début de l’aventure, comme l’a fait remarquer le directeur du Tour en soulignant les arrivées hivernales de Boasson Hagen, Bos et Farrar.

Rien de plus qu’une étape

Invitée de plus en plus régulièrement sur les épreuves World Tour, la formation sud-africaine ne fait cependant pas d’une participation au Tour de France une fin en soi. Bien au contraire, il reste de nombreuses étapes à franchir avant de pouvoir s’immiscer parmi meilleures écuries du peloton. A commencer par une montée dans l’élite. Cela aurait pu être pour 2015 : avec la fusion de Cannondale et Garmin et le non renouvellement de la licence d’Europcar, il y avait la place. Mais Douglas Ryder a préféré ne pas déposer de candidature à cause notamment d’un effectif qu’il jugeait un peu juste en quantité. 22 coureurs, c’est vrai, ce n’est pas beaucoup. Ce sera la limite en 2017, lorsque la réforme de l’UCI entrera en vigueur, mais aujourd’hui, c’est trop peu. Monter en World Tour serait revenu à se jeter dans la gueule d’une élite impitoyable qui n’a jamais fait de cadeaux aux nouveaux.

S’imposer un peu plus encore en deuxième division avant de faire le grand saut semble bien plus raisonnable, et MTN l’a compris. Pour l’instant, les invitations restent donc le seul moyen de découvrir les plus grandes épreuves du calendrier, ce qui n’empêche pas Brian Smith, manager général, de se montrer ambitieux. « Sur le Tour, l’objectif sera d’abord de décrocher une victoire d’étape, même si je me plais à penser que l’on pourrait retrouver l’un de nos coureurs africains dans les vingt ou trente premiers ou disputant un maillot distinctif », a-t-il expliqué à Cyclingnews. Avant peut-être, dans quelques années, de pouvoir espérer bien plus. Un Africain – pas un Kenyan naturalisé – vainqueur du Tour ? Et pourquoi pas !

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