Lorsque Betancur se dresse sur ses pédales dans le Mur de Huy, il est très difficile de répondre - Photo Sirotti
Lorsque Betancur se dresse sur ses pédales dans le Mur de Huy, il est très difficile de répondre – Photo Sirotti

C’est la bonne pioche de l’hiver pour Vincent Lavenu. Après une saison 2012 complètement ratée, en partie à cause d’un recrutement catastrophique uniquement basé sur les points UCI, AG2R La Mondiale a changé son fusil d’épaule. Désormais, place au recrutement intelligent. Carlos Betancur, 23 ans et grimpeur hors pair, illustre parfaitement cette nouvelle philosophie. Et s’il ne gagne pas encore, le Colombien est sans aucun doute l’un des meilleurs grimpeurs du peloton à l’heure actuelle.

Dynamiteur sur les ardennaises

Pour la première fois de sa carrière, Carlos Betancur a participé aux classiques printanières. Et force est de constater que le garçon n’a pas eu besoin de s’adapter. Après un abandon sur l’Amstel Gold Race, celui qui s’était déjà montré à son avantage sur le Tour du Pays Basque – et en particulier lors de l’étape arrivant sur les très difficiles pentes de Trapagaran – a fait comprendre au monde du cyclisme qui il était vraiment. Sur la Flèche wallonne tout d’abord, c’est lui qui lança les hostilités au pied du Mur de Huy. S’envolant comme une fusée dans les premiers hectomètres, il cèdera finalement dans le final et passera la ligne en troisième position. Une petite erreur tactique peut-être, mais le coureur est jeune et doit encore apprendre, c’est normal. Pour une première participation sur une épreuve qui s’est toujours offerte à des coureurs expérimentés et habitués de l’ascension finale, la performance du Colombien demeure donc impressionnante. Cependant, on attendait la confirmation. Un coup d’éclat, c’est bien, mais cela ne suffit pas pour être durablement pris au sérieux. Betancur l’a rapidement compris, encore une fois. De ce fait, il s’est efforcé d’être de nouveau présent sur Liège-Bastogne-Liège.

Ainsi, dans la course d’attente que nous ont proposé les cadors, c’est lui, cette fois encore, qui a fait bouger tout le monde. Attaquant dans les forts pourcentages de la côte de Saint-Nicolas, il n’a pu poursuivre son effort lorsque Joaquim Rodriguez et Daniel Martin sont partis. Mais il termina juste derrière Valverde au sprint et se classa quatrième de la Doyenne, qu’il découvrait tout autant que la Flèche wallonne. Une sacré performance que le coureur ne mettait pas véritablement en avant la ligne d’arrivée franchie : « Je veux déjà remercier tous mes coéquipiers qui ont énormément travaillé, et mes directeurs sportifs qui me soutiennent. » Mais surtout, on a pu constater que rien n’était prévu, et que le grimpeur d’AG2R court au feeling : « Quand j’ai vu qu’il n’y avait pas d’attaques et qu’il ne se passait pas grand-chose, je me suis dit : allez, je tente ma chance, je me bats et on verra. » Alors certes, la victoire n’est pas au bout, mais Betancur était content de lui, et a déjà pris rendez-vous pour la saison prochaine : «  Je suis content de ma performance. Je progresse d’année en année et j’espère bien être encore meilleur la saison prochaine. »

Attendu de pied ferme sur le Giro

Après ces performances inattendues sur des épreuves World Tour, on a forcément hâte de voir Carlos Betancur à l’œuvre sur son véritable objectif, le Tour d’Italie. Parce qu’en réalité, cette semaine ardennaise n’a été qu’une mise en bouche. Il l’affirmait avant l’Amstel Gold Race, il venait pour « parfaire [s]a condition avant le Giro », la course rose étant bel et bien son objectif principal de la saison. Et le vainqueur du Baby Giro en 2010 y nourrit d’ailleurs de réelles ambitions. « Je pense qu’il faut se fixer des objectifs. Moi, j’aimerais conquérir le maillot blanc sur le Giro. Je sais que ça va être difficile car il y aura beaucoup de bons coureurs, mais je me suis préparé depuis le début de saison pour cet objectif. » Alors malgré un parcours moins montagneux que ceux qui ont pu être proposé ces dernières années, le Colombien aura un beau terrain de jeu dans les semaines à venir. Après une participation plutôt discrète en 2011 – où il avait tout de même terminé quatrième de l’étape de Sestrières -, le natif de Bolivar sera cette fois surveillé. Plus personne ne doute de ses capacités en montagne, et on ne le laissera sûrement pas partir. Mais s’il joue bien le coup, sortant au bon moment, qui pourra le contrarier ? Très peu de monde, car à n’en pas douter, Betancur possède l’une des meilleures giclettes du peloton, et à l’instar de ses prédécesseurs colombiens, Herrera ou Parra, il pourrait donner du fil à retordre aux – autres – cadors.

Robin Watt


 

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