Les illusions et le chauvinisme faisaient que, secrètement, on espérait voir Baugé, Pervis et D’Almeida aller chercher la médaille d’or en vitesse par équipes. Le retour sur terre a finalement été logique. Les Français ont décroché le bronze, et il ne faut pas faire la fine bouche. Mais dans les prochains jours, on attendra davantage, notamment du duo Baugé-Pervis.

Faire abstraction des tensions

Les mots de Michaël D’Almeida, hier soir, étaient durs. Il estime que certaines personnes qui gravitent autour de l’équipe de France de piste lui ont porté préjudice à lui, et peut-être à d’autres. Il a aussi parlé des Britanniques, champions olympiques face à des Néo-Zélandais eux aussi impressionnants. « Je ne sais pas comment ils fonctionnent, avouait-il à L’Equipe. J’ai ma petite idée sur certaines choses, mais je les tairai parce qu’il n’est pas bon de parler à chaud. » Le Français a finalement beaucoup parlé sans vouloir donner de détails. Mais il est assez aisé de voir dans ses paroles des suspicions de dopage envers les pistards de l’Union Jack. A quoi bon ? Il y a quatre ans, les Anglais étaient meilleurs. Aujourd’hui, ils le sont encore davantage. Il n’y a rien d’illogique lorsqu’on voit les difficultés qu’a rencontré l’équipe tricolore sur cette période, avec quatre entraîneurs différents, et une composition qui n’a cessé d’évoluer avec l’entrée de Pervis à la place de Sireau.

Mais tout cela, il faut le laisser derrière. Il y a des dysfonctionnements, ils ne sont pas nouveaux. Mais même s’il est regrettable de voir que pas grand chose n’est fait pour les éradiquer, les ressasser n’aidera pas les athlètes à décrocher des médailles. Grégory Baugé et François Pervis restent deux des meilleurs coureurs en vitesse individuelle. Le premier a été sacré quatre fois champion du monde (2009, 2010, 2012 et 2015), alors que le second l’a été à une reprise (2014). Ils font partie des références de la discipline, et ils seront attendus ce samedi pour conquérir des médailles d’un métal plus prestigieux que celui auquel ils ont goûté pour leur première journée de compétition. Pour décrocher l’or, il faudra battre le Britannique Jason Kenny, le bourreau de Baugé en 2012 et champion du monde en titre. Mais le Français attend cette revanche depuis quatre ans, alors pas question de partir défaitiste. Quant à Pervis, il a l’occasion de prouver qu’il est au niveau de son compatriote, capable d’aller jouer l’or sur l’épreuve reine.

Encore de grands espoirs

Mais l’homme aux deux records du monde (sur le kilomètre et le 200 mètres lancé) sera surtout attendu mardi prochain, pour le keirin. Sur sa discipline de prédilection – après le kilomètre -, celle qu’il va travailler chaque hiver au Japon, le Français espère bien devenir champion olympique, lors des premiers Jeux qu’il dispute avec de réelles ambitions. Pour la piste tricolore, tout est donc loin d’être perdu. Le bronze obtenu jeudi soir n’est déjà pas un échec en soit, et le meilleur est sans doute à venir. Baugé et Pervis doivent simplement passer outre tous les problèmes qui peuvent exister en équipe de France. Mais désormais, ils vont pouvoir utiliser à bon escient la rivalité qui les oppose. Ce qui d’habitude peut s’avérer être un véritable frein pour le trio de vitesse par équipes peut désormais leur permettre de se transcender. Ce serait au moins ça de gagné. Et il ne fait aucun doute que l’on peut compter sur les deux garçons, affamés et toujours plus ambitieux, pour s’approcher le plus possible des deux médailles d’or dont la France peut rêver.

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