Le suspense était un petit peu moins intense qu’il y a quelques mois, lorsque Romain Bardet a conservé de justesse sa troisième place sur le Tour de France. Parce qu’il y a toujours plus d’émotion lors de l’épilogue que durant l’introduction. Pourtant, le scénario du Tour 2018 a en partie été révélé ce mardi, lors de la présentation du parcours. La Chronique du Vélo fait donc le point sur ce qui l’a enchanté, ou pas. En attendant vos avis.

On a aimé

Sortir des sentiers battus. Il faut prendre l’expression au sens propre. Le Tour 2018 innove avec des passages sur des chemins ancestraux. On s’attendait aux fameux ribinou du Tro Bro Leon en Bretagne, mais cette idée n’a pas été retenue dans le tracé final. En revanche, l’étape pavée prévue en conclusion de la première semaine sera bien plus dense qu’attendue avec 15 secteurs répertoriés (plus qu’en 2014 ou en 2015). Deux jours plus tard, les coureurs vont imiter leurs lointains prédécesseurs avec un passage non goudronné sur l’ascension du plateau des Gilières. Cela n’était arrivé qu’à une seule reprise depuis le retour du Tour en 1947. Dernière initiative à saluer, la montée du Col du Portet dans les Pyrénées dont les portions semblent être plutôt un terrain de jeu pour les adeptes du VTT étant donné l’état de la route. Il faudra cravacher sur cette ascension inédite, d’autant plus qu’elle sera le juge de paix de la déjà redoutée 17e étape.

Des étapes intrigantes. L’extraordinaire attire forcément l’attention, c’est le cas de deux étapes en particulier. D’abord, la cinquième entre Lorient et Quimper. La Bretagne n’est pas une morne plaine. Toutes proportions gardées, cette étape ressemble à un mini Liège-Bastogne-Liège, avec dans les cent derniers kilomètres, la côte de Kaliforn (1,7 kilomètres à 7%), celle de Menez Quelerc’h (3 km à 5,5%, avec 500 mètres à 10%) ou encore celle de la Montagne de Locronan (2,2 km à 5,9%). Même sans les ribinou, il y a de quoi faire les spectacle. Une première attraction, avant une autre en dernière semaine : la 17e étape entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary. Longue (ou plutôt courte) de 65 kilomètres, avec l’enchaînement Peyragudes – Val-Louron et l’inédit Col du Portet (16 kilomètres à 8,7%), à 2215 mètres d’altitude, cette journée pourrait faire de gros dégâts.

On ne sait pas trop quoi en penser

Un premier week-end sans montagne. Ces dernières années, il était courant de conclure la première semaine du Tour par une arrivée au sommet ou une étape de montagne. A minima, on avait eu Mûr-de-Bretagne en 2015. Pour le côté dantesque, on se souvient de l’étape de Chambéry cet été. Mais en 2018, il faudra composer avec une arrivée pour les sprinteurs à Amiens avant un Paris-Roubaix version light le dimanche, soit deux jours totalement plats. Ce choix s’explique en partie par la volonté de ne pas se mettre en concurrence avec la Coupe du Monde qui s’achève ce même dimanche, mais il a le mérite d’offrir un contenu différent. Un puncheur à l’aise sur les pavés (Gilbert ou Van Avermaet) pourrait ainsi détenir le maillot jaune jusqu’à la dixième étape. En revanche, proposer une étape de transition avec une banale arrivée au sprint le jour de la fête nationale reste une décision difficilement compréhensible.

On n’a pas aimé

La première semaine un peu légère. Il y aura bien l’étape entre Lorient et Quimper, ou l’arrivée à Mûr-de-Bretagne, mais ça ne fait pas grand chose à se mettre sous la dent, quand même. Admirer les paysages de Vendée puis du Nord ne sera sans doute pas suffisant pour nous tenir en haleine jusqu’au premier rendez-vous crucial, après neuf jours de course, sur les pavés qui mèneront à Roubaix. Si le vent décide de pointer le bout de son nez, il pourrait y avoir un peu d’animation. Mais sinon, les étapes risquent de se ressembler, avec à la clé plusieurs sprints inévitables. Alors il faut espérer qu’Arnaud Démare, Nacer Bouhanni et les autres tricolores soient en position de titiller Kittel, Cavendish et les autres, et que l’on se passionne pour la bataille du maillot vert. Sinon, on risque de clairement s’impatienter.

Le Tourmalet encore anecdotique. Sur l’étapes Lourdes-Laruns, le sommet du mythique Tourmalet sera placé à presque cent kilomètres de l’arrivée : de quoi décourager les plus téméraires. Et c’est un peu le lot réservé au col le plus emprunté de l’histoire du Tour depuis quelques années. Quasiment toujours présent, mais toujours trop loin de l’arrivée pour jouer un rôle. Rafal Majka, en grand baroudeur qu’il est, avait su y passer en tête avant de l’emporter quarante bornes plus loin, à Cauterets. Mais depuis 2010 et l’année du duel Schleck-Contador, le montre pyrénéen n’a plus été un juge de paix pour les favoris du classement général. C’est pourtant se priver d’un décor à couper le souffle et de pentes idéales pour faire des différences. Le Tourmalet mériterait d’être davantage considéré, au même titre que le Galibier, l’Alpe d’Huez ou le Mont Ventoux.

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