Bien malin qui aurait misé sa cagnotte l’an dernier sur un sacre de Rui Costa à Florence ! Malgré un sérieux statut d’outsider, il n’était pas le grandissime favori au même titre qu’un Nibali ou Rodriguez. Cette année encore, les pronostics s’annoncent des plus ardus sur le circuit de Ponferrada, sélectif, mais pas trop, faisant logiquement la part belle aux coureurs complets. Puncheur, sprinteur, ou surprise ? Rien n’est à exclure !

Les favoris

***** Simon Gerrans : Inutile de présenter l’Australien, passé par le Crédit Agricole et désormais classé comme l’un des meilleurs coureurs de classiques. Vainqueur de Milan-Sanremo, de Liège-Bastogne-Liège au printemps dernier, il a réalisé une nouvelle démonstration en septembre en claquant coup sur coup les deux classiques canadiennes World Tour. Peut-être pas le plus spectaculaire, mais sûrement le plus malin du peloton actuel, capable de réaliser l’effort parfait quand il le faut. L’hypothèse d’un sprint réduit lui correspond à merveille, avec une équipe d’Australie dévouée à son service. Sur les bases de Montréal, ça peut faire très mal.

**** Alejandro Valverde : Lui non plus est loin d’être un inconnu de la planète Championnats du Monde. Le Murcian collectionne même cinq podiums sur l’épreuve reine, mais pour zéro victoires ! Un bien triste record, dû à plus fort que lui, mais aussi aux errements tactiques parfois incompréhensibles, comme l’an dernier ou son craquage mental dans le final italien en 2013. Le schéma espagnol lui-même est sujet aux questions, et à domicile, un loupé est tout simplement inenvisageable. Toujours doté d’une pointe de vitesse qui peut faire mouche et d’un punch détonnant, Valverde est à deux doigts de l’or mondial s’il lâche les chevaux dans le Mirador final.

**** Greg Van Avermaet : A quand la consécration pour le Flamand ? Malheureux deuxième du Tour des Flandres, crucifié par Cancellara, il attend toujours sa première grande victoire sur une course d’un jour renommée. Alors pourquoi pas le gros lot à Ponferrada ? Tout porte à croire que GVA aura un rôle clé dans le dispositif de Carlo Bomans, aussi bien capable de régler un petit peloton que de suivre les attaquants dans les difficultés du parcours. Sa condition monte en puissance, et son dernier kilomètre en haut de la Citadelle de Namur ont fait naître les espoirs. A lui de les concrétiser !

Les outsiders

**** Rigoberto Uran : On n’entend pas beaucoup parler de Rigoberto Uran pour la plus haute marche du podium ce week-end, mais le Colombien d’Omega Pharma est un candidat plus que crédible. Excellant aussi bien sur les classiques que les Grands Tours, il peut toujours se mordre des doigts d’être tombé dans la descente du Fiesole dans le dernier tour des Mondiaux de l’an passé, où il avait suivi les attaques de Rodriguez et Nibali. Ayant fini la Vuelta à l’économie, il lui faudra cependant faire la différence dans l’une des côtes proposées, car il n’est pas le plus rapide en cas d’emballage final.

**** Fabian Cancellara : Le co-recordman de victoires sur le Tour des Flandres et unique détenteur du record de titres mondiaux du contre-la-montre, le Bernois s’est attaqué depuis quelques années au défi de la course en ligne. Sur une course pas comme les autres, à la distance égale à celle d’un Monument du cyclisme, Cancellara est capable de se transcender, comme à Mendrisio en 2009, et peut compter sur une rapidité et un sens tactique hors-pair dans les derniers mètres d’une journée éprouvante pour hommes forts, dont il fait inévitablement partie. Néanmoins, difficile pour lui de trouver des alliés de circonstance et de ne pas gaspiller ses cartouches face à quelques rivaux plus attentistes.

*** Joaquim Rodriguez : Seulement trois étoiles, Purito ? Le Catalan n’a clairement pas rassuré les observateurs tout au long de la dernière Vuelta, montrant même quelques signes proches du déclin. Muet de Jerez à Saint-Jacques de Compostelle, ses quelques tentatives n’auront en rien ressemblé à ses attaques fulgurantes dans les gros pourcentages qu’il affectionne. Et même si il s’était secrètement focalisé sur le rendez-vous de dimanche, difficile de le voir mettre tout le monde d’accord sur un circuit pas assez relevé pour ses capacités. Mais le double vainqueur du Tour de Lombardie ne doit jamais être enterré.

*** Rui Costa : Le tenant du titre, justement. Il avait déposé le Catalan dans la dernière ligne droite florentine il y a un an, et s’apprête à défendre son bien dans deux jours, mais certainement pas avec les mêmes dispositions. Encore légèrement sous-estimé il y a quelques temps, plus personne ne prend le Portugais à la rigolade lorsque ce dernier part à l’avant. Et c’est bien ce qui risque de lui faire défaut cette année. Le meilleur scénario pour lui serait encore une fois celui d’un marquage dans un groupe qui se serait détaché au sommet de la dernière bosse. Il ferait alors le doublé consécutif, sept années après Paolo Bettini à Stuttgart.

*** Peter Sagan : Impossible de ne pas citer Peter Sagan sur une course présentant un profil tel. Le prototype du vainqueur final est justement celui d’un «Sagan» , à savoir bon au sprint et encaissant très bien les montées répétitives. Un petit hic cependant, le Slovaque sort d’une saison difficile qui l’a vu stagner sur les plus grandes courses du calendrier. De quoi le plonger dans le doute, notamment après un Tour en demi-teinte, et une Vuelta anonyme. Pour mieux surgir là où certains l’auront déclassé de l’échelle de dangerosité ? Il faudra lutter contre la pancarte si il est présent dans le final.

*** Michal Kwiatkowski : Le prodige Polonais présente également toutes les qualités pour briller sur une configuration pareille. Offensif à souhait, mais également foudroyant sur instant, le vainqueur des Strade Bianche est monté en puissance tout au long du Tour de Grande-Bretagne. Battu par Gerrans et Valverde sur la Doyenne, il aura à cœur de corriger le tir, et devenir le premier coureur d’au-delà l’Oder à décrocher le graal.

** John Degenkolb : Le chasseur de classiques venu tout droit de Thuringe a rapidement annoncé que les Mondiaux de Ponferrada représenteraient un objectif à part pour la fin de sa saison 2014. Quatrième à la surprise générale à Valkenburg avec la présence du Cauberg dans les derniers kilomètres, toute course attentiste se finissant par un sprint serait du pain béni pour le récent maillot vert de la Vuelta. Petite alerte cependant, une légère infection l’a cloué au lit pendant quelques jours, si bien qu’il a déclaré forfait pour l’épreuve du chrono par équipes. Aura t-il totalement récupéré ?

A ne pas sous-estimer

** Dan Martin : L’Irlandais avait décroché sa plus belle récompense en triomphant à Liège en 2013, mais sa saison 2014 fut plus difficile pour lui. Toutefois, après la blessure dramatique au départ du Giro, il est progressivement revenu au point de prendre la septième place de la Vuelta. Il pourra compter sur le soutien de Nicolas Roche.

** Philippe Gilbert : L’ancien champion du monde en 2012 s’est fait discret en deuxième partie de saison, mais n’est pour autant passé inaperçu. Septième de l’Eneco Tour et à son avantage sur quelques étapes pour des puncheurs de sa trempe durant le Tour d’Espagne, la condition revient bien, et si les jambes répondent présent comme dans les grands jours, attention à sa fameuse accélération dévastatrice, dont il a fait sa spécialité sur l’Amstel Gold Race.

** Vincenzo Nibali : Le vainqueur de la Grande Boucle ne part pas avec la faveur des bookmakers en Espagne, mais aura une nouvelle fois à cœur de faire le spectacle sur les quatorze tours de circuits au programme. Il n’est pas le plus explosif ni le plus rapide au sprint, mais devrait une nouvelle fois faire honneur à sa philosophie du cyclisme, respectable et symbolisée par une prise de risques maximale. Les quatre kilomètres sont d’ailleurs en descente prononcée…

** Tony Gallopin : C’est sans aucun doute le meilleur atout de la sélection française de Bernard Bourreau pour un bon classement. Classicman au fond de lui même, le Francilien a répondu présent et reste sur deux podiums consécutifs au GP de Montréal et derrière Van Avermaet en Wallonie. Il ne fait aucun doute qu’il n’hésitera pas à anticiper les débats, et cela avait fait ses affaires sur la Clasica San Sebastian en 2013. Déjà en Espagne !

** Michael Matthews : On parle beaucoup de Simon Gerrans, mais attention à Michael Matthews ! Vainqueur d’étape sur le Giro et la Vuelta cette année, le polyvalent Aussie a désormais engrangé la caisse et l’expérience qui lui manquaient à ses débuts. La nation Australienne, déjà titrée en 2009, possède deux cartes de choix pour récidiver en 2014, et aurait bien tort de s’en passer.

** Tom Dumoulin : Les Pays-Bas arrivent sans un leader désigné parmi leurs individualités, mais Tom Dumoulin est le Batave le plus en forme en ce mois de septembre. Crevant l’écran depuis l’Eneco Tour, il a aligné les performances remarquables au Tour de l’Alberta, avant de venir mourir à la deuxième place du Grand Prix de Québec. C’est la côte montante.

** Alexander Kristoff : Vainqueur du premier monument de l’année, à savoir la Primavera, on n’a pas vraiment vu venir Alexander Kristoff à un tel niveau, sauf pour ceux qui le connaissent parfaitement. En enchaînant avec deux bouquets sur le Tour et en remportant la Vatenfall Cyclassics, il fait depuis peur à tout le monde en cas de sprint en peloton plus ou moins conséquent pour le titre à Ponferrada. Désigné comme l’homme à abattre à Plouay, il s’est quelque peu effacé au Canada, mais reste une menace très sérieuse.

* Alexsandr Kolobnev : Le Russe n’est pas franchement le plus étincelant des favoris sur leurs dernières sorties respectives, mais reste l’un des Monsieurs « Championnats du Monde » , avec deux podiums en 2007 et 2009, et une capacité à se sublimer lors des évènements majeurs.

* Zdenek Stybar : Le fantasque Tchèque est capable de prendre les initiatives, mais sa forme reste une inconnue de taille. Il n’empêche que cela reste un sérieux challenger dont on aurait tort de ne pas s’en méfier suffisamment.

Mentions : Matti Breschel, Geraint Thomas, Edvald Boasson Hagen, Ramunas Navardauskas, Sep Vanmarcke, Sonny Colbrelli, Nacer Bouhanni, Daryl Impey et Ben Swift.

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