En ne remportant pas le Tour de France, Astana ne peut pas prétendre avoir fait une aussi belle saison qu’en 2014. Mais Aru a parfaitement suppléé Nibali en tant que leader, et le Squale a malgré tout sauvé l’honneur avec un Monument bienvenu. La formation kazakhe reste donc l’une des valeurs sûres du peloton.

Trois raisons d’être satisfaits

Fabio Aru a su prendre les rênes. Avec un Vincenzo Nibali qui avait décidé – comme en 2014 – d’axer sa saison sur le mois de juillet, puis exclu du Tour d’Espagne, le Sarde s’est retrouvé propulsé leader sur le Giro et sur la Vuelta. Et les résultats ont été à la hauteur des espoirs placés en lui. Sur la course rose, il n’a pas pu faire chuter l’intouchable Contador, mais s’est offert une belle deuxième place agrémentée de deux prestigieuses victoires d’étapes à Cervinia et Sestriere. Puis sur les routes espagnoles, malgré le coriace Dumoulin, il est parvenu à ramener le maillot rouge de leader à Madrid, s’offrant ainsi son premier grand tour. A 25 ans, le jeune italien a donc plus que réussi sa saison. Et même s’il a eu quelques difficultés par moments, comme lorsqu’il était confronté à la concurrence de son propre coéquipier Landa sur le Giro, ou qu’il ne parvenait pas à lâcher Dumoulin sur la Vuelta, Aru s’est taillé une place parmi les coureurs qui comptent au moment d’aborder une épreuve de trois semaines.

Vincenzo Nibali ne termine pas bredouille. C’est l’une des choses qui manquait au Requin de Messine : un Monument. Il avait échoué sur Milan-Sanremo et Liège-Bastogne-Liège ces dernières années, passant parfois très près d’un succès. Mais il a remédié à ce qu’on pouvait considérer comme une anomalie. Sur le Tour de Lombardie, et après un été catastrophique – sur le Tour comme sur la Vuelta -, il a prouvé à tous qu’il était le patron. Et pas seulement par sa force physique. Incapable de lâcher ses derniers concurrents dans les pentes les plus abruptes du parcours, il s’en est remis aux descentes, et c’est là qu’il a su s’envoler et prendre les risques nécessaires pour finalement remporter celle que les Italiens appellent « la piu bella ». Avec l’étapes des Sybelles en juillet, qui lui a permis de sauver l’honneur, et son championnat national remporté pour la deuxième année consécutive, c’est sans doute la seule satisfaction de Nibali en 2015.

L’éclosion de Mikel Landa et Diego Rosa. Ils étaient censés n’être que de simples équipiers, mais ils ont été beaucoup plus que ça. L’Espagnol, longtemps considéré comme un espoir qui ne parvenait pas à confirmer tout le bien qu’on pensait de lui, est devenu cette saison un coureur d’une toute autre envergure. Troisième du Giro, avec en prime deux victoires d’étapes, il a par moments semé le doute quant à la hiérarchie qui devait être établie entre lui et Aru chez Astana. Puis, sans remettre en question son leader, il a remis le couvert en septembre, décrochant l’étape reine de la Vuelta à Cortals d’Encamp. L’Italien, lui aussi, a côtoyé Aru sur deux grands tours, se montrant régulièrement comme un équipier de grand luxe en montagne. Souvent placé sur certaines étapes redoutées par le peloton, il a réalisé sa plus belle performance  à l’automne, en terminant cinquième du Tour de Lombardie. Pour ce duo, il est donc désormais question de confirmation : l’éclosion, elle, a bien eu lieu.

Une raison d’être déçus

Vincenzo Nibali en juillet. Puisque Lars Boom et Jakob Fuglsang ont réalisé une campagne de classiques honorable (le Néerlandais sur les flandriennes, le Danois sur les ardennaises), le seul véritable point noir de la saison d’Astana reste le Tour de France de son leader, Vincenzo Nibali. Venu défendre son titre, l’Italien devait par son caractère d’attaquant être le poison de Froome, Contador et Quintana, censés être meilleurs grimpeurs que lui. Il n’a finalement été qu’un lointain observateur de leur pseudo-bagarre. Après une préparation qui avait déjà de quoi laisser sceptique, il a craqué dès la première semaine, malgré tout le cœur qu’il a mis à l’ouvrage, notamment sur les pavés. Il n’y a que trois étapes lors desquelles Nibali a terminé dans les dix premiers : à Huy et Rodez, des étapes de moyenne montagne où il n’a fait aucune différence, et à la Toussuire, où il a pu s’imposer pour sauver l’honneur. Mais sa quatrième place à Paris ne fait pas oublier qu’il n’a pas été à la hauteur.

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