Délesté de son illustre compatriote Vincenzo Nibali à l’intersaison, Fabio Aru sait qu’il joue gros en 2017. Désormais seul patron de l’équipe Astana, sa tâche consiste à remporter un deuxième grand tour après la Vuelta en 2015. Histoire de tirer un trait sur son échec de l’été dernier, pour sa première Grande Boucle. C’est donc sur le Giro qu’Aru a jeté son dévolu. Et pour arriver dans une bonne dynamique sur sa course préférée, Tirreno-Adriatico constitue un vrai test.

Un terrain de confrontation

S’il avait déjà croisé son ex-coéquipier désormais chez Bahrain-Merida, mais aussi Quintana, Dumoulin, Zakarin, Mollema, Van Garderen et Pozzovivo sur les routes du Tour d’Abu Dhabi, Fabio Aru retrouvera Thibaut Pinot et Adam Yates sur le « Paris-Nice italien ». Tous les observateurs espèrent bien évidemment que l’arrivée au sommet, au Terminillo, ne sera pas amputée en raison de mauvaises conditions météorologiques. Un tel concours de circonstances pourrait priver tout ce beau monde d’un joli terrain de jeu. Mais, heureusement, le thermomètre chauffe, et c’est près d’une vingtaine de degrés qui sont annoncés pour la Course des Deux Mers, radicalement différente d’un Paris-Nice pluvieux et venteux, à l’atmosphère des plus hivernales. Le Sarde Aru, à domicile, arrive alors avec un bilan convenable. En février, pour la première fois de sa carrière, il a opté pour le soleil des tropiques et ne s’est pas trompé.

Troisième à Oman, battu par un Ben Hermans qui n’a pas prévu de jouer les premiers rôles au mois de mai et par l’hyper-régulier Rui Costa, Aru n’a jamais forcé, ni produit l’effort de trop. Ce podium l’a largement satisfait, et à Abu Dhabi, au milieu d’un peloton plus compétitif, la huitième place finale est sans doute moins anecdotique qu’il n’y paraît. Certes, il n’a pas frappé fort, comme on dit dans le jargon, en plaçant une attaque spectaculaire où en remportant une étape, mais il réussit néanmoins à se classer devant Bardet, Quintana, Contador, Kruijswijk, et Vincenzo Nibali lui-même. D’ailleurs, les journalistes transalpins montent déjà en épingle le duel entre les deux Italiens depuis l’annonce de leurs programmes, et leur attitude tout au long de ce Tirreno-Adriatico sera très observées. Tous les deux se rendront ensuite au Tour de Croatie. Quant à Aru, il a prévu de faire un saut sur l’Amstel Gold Race pour accumuler des kilomètres, et pourquoi pas faire un improbable coup.

Faire preuve de rigueur

On ne peut pas vraiment s’inquiéter, vous l’aurez compris, en ce qui concerne la préparation de Fabio Aru pour le centième Tour d’Italie. Toutefois, son année 2016 très moyenne a sûrement induit une pression supplémentaire sur les épaules de celui qui n’a pas réussi à faire mieux que remporter une étape du Dauphiné, il y a neuf mois. Sa cohabitation avec Vincenzo Nibali, sans être devenue invivable, avait clairement pris un tournant après son triomphe madrilène de septembre 2015. Amenés à disputer ensemble le Tour de France, les deux ont joué leur carte personnelle, en dépit de la langue de bois réservée au paysage médiatique. Dans la peau du baroudeur infatigable, Nibali n’a pas été d’un grand soutien, et Aru, lui, s’est effondré en troisième semaine, chose rare chez lui.

Mis dans les meilleures dispositions cette saison, avec des stages en altitude récurrents et des orientations de développement ambitieuses, Aru est du genre à s’exécuter au moment venu. Mais pas souvent avant. En témoigne son passé sur les premières courses du printemps. Inexistant en Catalogne et au Pays-Basque il y a un an, trop juste et fragile lors du Paris-Nice 2015, Aru préfère se montrer fin avril, sur le Tour du Trentin, ou bien à l’occasion des ardennaises quand il côtoyait Nibali et Fuglsang. Mais cette fois-ci, c’est une montée en puissance plus rigoureuse qui est exigée. Une désillusion à San Benedetto del Tronto, serait particulièrement mal accueillie. Surtout sur ses terres, où les tifosi sont impatients à l’idée de voir un « tricolore » l’emporter. Entre s’accrocher aux roues et ouvrir la route, souhaitons qu’il retienne la seconde option. Il n’y a sans doute que comme ça qu’il pourra l’emporter.

Nos favoris

**** Nairo Quintana, Thibaut Pinot
*** Fabio Aru, Vincenzo Nibali, Tom Dumoulin
** Rui Costa, Mikel Landa, Adam Yates, Bauke Mollema
* Rigoberto Uran, Primoz Roglic, Michal Kwiatkowski, Rafal Majka, Domenico Pozzovivo

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