Au mois de décembre dernier, une nouvelle rapidement répandue sur la toile de l’autre côté des Alpes allait faire grand bruit. Ivan De Paolis, ancien manager de l’équipe Acqua & Sapone, décide de créer sa propre équipe, la Area Zero Pro Team, non sans laisser planer un certain mystère autour de sa constitution. Rapidement fondée sans le moindre souci, cette jeune équipe continentale est l’une des plus jeunes de l’horizon cycliste, et Andrea Pasqualon en est l’un des leaders. Sprinteur complet, l’ancien espoir de l’équipe Bardiani a choisi de rejoindre les rangs de cette nouvelle formation, et s’est arrêté aux micros de la Chronique du Vélo pour y confier ses impressions. Tout en décontraction.

« Montrer le maillot ! »

Au lancement quelque peu farfelu du projet Area Zero, on ne savait presque rien sur la future identité du groupe, pas même son maillot, finalement noir et rose, aux couleurs du sponsor D’Amico. Possèdant un effectif de seulement onze coureurs, l’une des rares nouvelles structures de l’intersaison 2013-2014 a fait ses débuts dans le plus grand calme médiatique, avec une unique présentation d’équipe, sobre, dans un hôtel milanais. Les grands débuts de l’équipe transalpine se sont effectués similairement à ceux de leurs grandes sœurs, à l’image d’Androni, Bardiani ou encore Neri, sur le Grand Prix des Côtes Étrusques. Et qui dit première course de l’année 2014 dit premier podium ! Troisième sur la boîte, et deuxième du sprint du groupe des favoris, Andrea Pasqualon a entamé la saison du bon pied, et a même récidivé trois semaines plus tard sur le Trofeo Laigueglia, en signant une nouvelle troisième place encourageante pour une formation aux moyens réduits. Révélé en tant qu’homme rapide sur les arrivées difficiles lors de son apprentissage chez Bardiani, le vainqueur d’étape sur le Tour du Limousin sait qu’il doit désormais prendre son envol de manière définitive. « Je devrais essayer d’être devant et de suivre les bons coups, afin de tenter ma chance en cas de sprint réduit », avance-t-il presque comme un leitmotiv. Et les épreuves de Coupe de France sont pour cela idéales.

Sur un terrain de jeu comme celui de Paris-Camembert, Andrea Pasqualon pensait justement bien faire. « Avec Paolo Ciavatta, nous sommes les deux coureurs protégés de l’équipe qui pourront jouer leur carte sur ce genre de parcours », confiait-il au départ. Ciavatta, lui, fait partie de ce que l’on pourrait appeler la colonne vertébrale de la troupe italienne. Passé pro chez équipe Acqua e Sapone, à l’époque aux côtés de Stefano Garzelli et Luca Paolini, il est un rouleur expérimenté. Mais à 29 ans, c’est surtout le coureur plus expérimenté d’une équipe misant plutôt sur de jeunes talents proches de la vingtaine. Pour la première fois invités sur le territoire français, les deux coureurs désignés leaders ne cachent pas leurs ambitions sur des courses qui leurs plaisent déjà. « Nous pensons pouvoir bien faire tout au long des classiques à venir. Elle sont à notre avantage », clame un Pasqualon confiant et sans pression. « A nous d’être compétitifs et de montrer le maillot, l’objectif général d’Area Zero reste les podiums. » Il est certain que celui qui est originaire d’un petit village au pied du mythique Monte Grappa espérait un tout autre sort que celui d’une malheureuse chute, le contraignant à passer sur le billard et à zapper une période importante pour lui. Mais, signe important pour la suite, Pasqualon n’a jamais perdu son sourire, présent au départ comme sur son lit d’hôpital. Et pour cause, la onzième place de Ciavatta au terme d’un sprint dominé par l’imbattable Coquard ne peut que leur revigorer le moral.

« Tous très motivés ! »

Quinzième du GP Cerami il y a moins d’un mois, Pasqualon a déjà hâte d’en découdre pour ce qui s’apparente à un deuxième départ après cette fâcheuse opération. Ayant repris le vélo six jours après avoir été traité, c’est toujours avec les mêmes habitudes que le dauphin de Diego Ulissi sur la dernière Coppa Sabatini voudra se faire remarquer. « Il n’y a pas que le sprint final qui compte. Cela peut être intéressant de se glisser dans une échappée », lâche-t-il comme pour prouver sa détermination et sa polyvalence. Capable de se lancer dans une offensive comme de saisir sa chance lorsqu’elle se présente dans les derniers kilomètres, l’objectif collectif prime toutefois dans ses choix. « La particularité de notre équipe est d’avoir une moyenne d’âge très jeune, cela peut être très formateur pour eux », explique un Pasqualon qui fait presque figure de vieux du haut de ses 26 ans. Avec quelques références au compteur, il se doit cependant de s’inspirer de la même fougue que les néo-pros qui composent l’équipe, déjà remarqués par le sélectionneur national Davide Cassani. Giovanni Carboni, décrit comme l’un des grands espoirs du contre-la-montre dans la Botte, s’est d’ailleurs vu invité au stage de la Squadra Azzura, qui se déroule actuellement. Une jeunesse brillante qui constitue l’atout numéro un d’une équipe dont mêmes les directeur sportifs sont jeunes, à l’instar de Massimo Codol, récemment retraité des pelotons. Car le projet est ambitieux, mais s’étale surtout sur le long terme. Rejoindre une équipe aussi conviviale semblait alors être le meilleur choix possible pour un coureur comme Pasqualon, souhaitant trouver de manière certaine sa place au sein de l’échiquier habituel, et poursuivre sa progression.

Mais pour revenir à des motivations plus personnelles, Andrea Pasqualon sait qu’il ne doit pas se laisser distraire par cette dolce vita à l’italienne qui semble lui ravir. Appréciant particulièrement les finals accidentés et parsemés de quelques petites bosses raisonnablement sélectives, il sait qu’il faut tout lâcher dans le money time. « Dès que le parcours sera un peu plus difficile et exigeant, je me dois de répondre présent et de faire parler mes qualités. Je me sens bien, mais je peux encore faire mieux et c’est ce que nous cherchons. Nous sommes tous très motivés ! » Après une trêve forcée, les hostilités devraient reprendre d’ici deux bonnes semaines. Si son équipe ne peut postuler à une place au Tour d’Italie, il pourrait retrouver la confiance sur une épreuve telle que le Tour du Japon, avant de revenir en France pour les Boucles de l’Aulne, et d’enchaîner en juin avec un Tour de Slovénie qu’il connait bien, et qui devrait lui servir de tremplin pour les championnats nationaux. Quoi de plus symbolique que de voir l’une des jeunes pousses d’Area Zero conquérir au nez et à la barbe des cadors l’autre maillot tricolore ? Si cela est encore loin dans les pensées des principaux intéressés, nul doute que les prochaines échéances se révéleront cruciales, afin de valider leur première tournée au sein de l’élite.

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