Encore plus que Sagan, il représente les puncheurs-sprinteurs. Ou bien les sprinteurs-puncheurs. Même lui ne sait pas vraiment à quelle spécialité donner la priorité. Mais une chose est sûre : Michael Matthews aime gagner, et sur des terrains variés. Il espère donc faire du Cauberg, ce dimanche, le symbole de sa première grande victoire sur une classique.

Nouveau patron en interne

Il y a un an, sur le podium de l’Amstel Gold Race, l’Australien arborait un sourire légèrement crispé, mais sincère. A côté de Kwiatkowski et Valverde, il mesurait sa chance d’être là. Après un gros effort dans le Cauberg, où il avait été le seul à ne pas lâcher la roue de Gilbert, il avait manqué de fraîcheur pour remporter le sprint. Mais même si sa force du jour aurait pu l’amener encore plus haut, cette troisième place sur la ligne avait déjà un goût de joli lot de consolation. « C’est un très bon résultat, d’autant plus que c’est la première fois que je venais sur l’Amstel pour jouer la victoire », confiait-il à l’époque. Le discours d’un coureur désireux d’apprendre. Et de passer rapidement à la vitesse supérieure. Alors cette année, plus question de découverte : l’enfant de Canberra vient pour gagner. Son co-leader Simon Gerrans n’a qu’à bien se tenir, le passage de relais entre les deux patrons de l’équipe Orica semble de toute façon s’être fait l’an passé.

Matthews a en effet remplacé son aîné sur le podium de la classique néerlandaise. Mais surtout, à l’approche de l’ultime difficulté, Gerrans avait pris le vent en tête de peloton pour protéger la nouvelle tête d’affiche australienne. Les rôles sont désormais clairement répartis. Matthew White, en bon manager d’équipe qu’il est, continue de mettre en avant ses deux stars, le vétéran comme l’étoile montante. Mais ce dimanche, dans la montée du Cauberg, on travaillera incontestablement plus pour le plus jeune des deux « Aussies ». Si tant est qu’il y ait besoin de lui mâcher le travail, car le garçon n’est pas du genre à attendre patiemment le sprint. Son entreprise de l’an dernier en est le plus bel exemple : alors qu’il est sans doute le meilleur finisseur parmi les puncheurs, il avait voulu plier la course dans l’ascension, sans attendre le replat. Avec Gilbert, il était le plus costaud, mais la collaboration des poursuivants l’aura fait échouer. Qu’importe, il a montré à tous que les routes du Limbourg étaient taillées pour lui. Cet hiver, il parlait même de l’Amstel comme de « [son] plus grand objectif de l’année avec Milan-Sanremo. »

Devenir Matthews et pas un autre

Désormais aguerri, il peut compter sur une connaissance de la course accrue, atout non négligeable sur une épreuve où l’aspect tactique est crucial. « Ça va clairement jouer en ma faveur », concédait-il à CyclingTips. Mais surtout, l’Australien a chuté sur la Primavera, où il voulait faire mieux que son podium – encore un – de 2015. Résultat, des espoirs partis en fumée avant même la Cipressa, et une motivation décuplée au moment d’aborder l’Amstel. Philippe Gilbert lui-même en fait un favori naturel, expliquant au passage que les sprinteurs d’aujourd’hui sont capables de grimper. Ce n’est pas le cas de tous, mais c’est il est vrai une particularité de Michael Matthews. Le Belge peut en témoigner après l’ascension du Cauberg de l’an dernier, où le champion du monde espoir 2010 n’avait pas lâché sa roue. « Jamais je n’aurai pensé être capable de suivre Gilbert », assurait même le principal intéressé cet hiver. Preuve qu’il est un coureur impossible à ranger dans une catégorie, mais qui n’en demeure pas moins le grand favori du rendez-vous de ce dimanche.

D’ailleurs, qu’importe qu’on le considère comme un sprinteur ou un puncheur. « Je ne pense pas qu’il y ait besoin de savoir quel type de coureur je suis en train de devenir. Je n’ai pas à suivre les traces de quelqu’un, ni de Gilbert, ni de Gerrans », lâche-t-il. L’Australien ne doute pas. Et il veut qu’on se souvienne de lui comme d’un coureur à part. Même si par bien des aspects, il peut aussi se rapprocher d’un certain Erik Zabel, lui refuse toutes les comparaisons, comme les tentatives de le définir comme spécialiste de telles ou telles courses. Tout ce qui compte est qu’il gagne. Médaillé d’argent aux derniers Mondiaux, il n’est toutefois pas encore parvenu à décrocher ce grand succès qui manque à son palmarès sur une course d’un jour. Mais comme Sagan, il est de cette génération 1990. Celle qui a encore tout son temps. Et celle, aussi, qui se montre chaque semaine plus dominatrice.

Nos favoris

**** Michael Matthews
*** Philippe Gilbert, Michal Kwiatkowski, Edvald Boasson Hagen
** Simon Gerrans, Julian Alaphilippe, Bryan Coquard, Tony Gallopin, Rui Costa
* Tim Wellens, Petr Vakoc, Enrico Gasparotto, Roman Kreuziger, Joaquim Rodriguez

Retrouvez le parcours et la liste des engagés.

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