Le numéro un mondial n’est pas toujours celui qui mérite d’être désigné coureur de l’année. Mais pour ce qui est de 2015, il y a comme un consensus : Alejandro Valverde, 35 ans, était au-dessus de tout. Malgré l’âge, il a réalisé la meilleure saison de sa carrière. Phénoménal.

Le doublé, neuf ans après

El Imbatido a moins gagné que l’an passé, mais il a incontestablement « mieux » gagné. Un peu moins omniprésent qu’à son habitude sur les courses de reprise, il a su être le patron attendu quand il le fallait. Après une victoire qui sonnait comme un rituel sur le Challenge de Majorque, il a en effet fallu attendre le Tour de Catalogne pour (re)voir Valverde à son meilleur niveau. À trois semaines des ardennaises, le Murcian y avait décroché trois étapes et une deuxième place au général. Juste assez pour montrer que cette saison n’était pas encore celle de son déclin. Quand est venu le temps du triptyque ardennais, on se doutait donc que Balaverde serait parmi les candidats à la victoire. Après sa deuxième place sur l’Amstel, au terme d’une course de côte, on a toutefois pu penser qu’il allait encore nous offrir une pléiade de places d’honneur sans forcément réussir à gagner. Mais c’était tout le contraire.

La semaine de son anniversaire, le leader de la Movistar s’est offert deux grands succès, sur la Flèche wallonne et sur Liège-Bastogne-Liège. Le doublé, Valverde l’avait déjà réalisé en 2006 : neuf ans après, il a donc prouvé qu’il était toujours aussi efficace. Mais surtout, l’Ibère a fait étalage de toute son expérience pour remporter les deux épreuves de manière totalement différente. Sur un Mur de Huy qu’il connaissait déjà par cœur, il a su partir au bon moment, et son talent a fait le reste, le menant à une victoire en apparence facile. Puis à Liège, dans un final très compliqué à gérer sur le plan stratégique, Valverde a couru à la perfection. Faisant lui-même l’effort pour revenir sur un Dani Moreno un peu trop entreprenant dans le dernier kilomètre, il aurait pu avoir grillé ses chances. Mais il n’en a rien été puisque derrière il a su prendre l’ultime virage en tête du groupe, et ne laisser aucune chance à ses rivaux lors du sprint final.

Un podium au goût de victoire

Avec un palmarès qui compte désormais trois Flèches wallonnes et autant de victoires à Liège, l’Espagnol a abordé le Tour de France avec une certaine légitimité pour refuser de se mettre à plat ventre pour Nairo Quintana. Désireux de perpétrer la bonne entente entre ses deux leaders, la Movistar n’a pas cherché à aller contre cette demande, quitte à ce que le Colombien soit par moments handicapé. Valverde, coureur emblématique de la structure d’Eusebio Unzué, a en temps normal droit à certains privilèges. Alors après son printemps exceptionnel, il était encore plus évident que rien ne lui serait refusé. Et si on ne peut pas en dire autant à chaque fois, laisser carte blanche à ses deux grimpeurs fut une brillante idée pour Unzué. Derrière l’intouchable Froome, Quintana et Valverde ont en effet tous les deux réussi à monter sur le podium des Champs-Elysées. Un doublé qui sonne comme une victoire, surtout pour le plus âgé des deux coéquipiers.

Malgré de nombreuses tentatives, Valverde n’avait effectivement jamais pu goûter au podium de la Grande Boucle. Il aura fallu attendre sa huitième participation pour réparer ce qui était presque une anomalie pour un des plus grands coureurs de la dernière décennie. Le signe qu’il n’est jamais trop tard. Pour ce qui est de la fin de saison, l’Espagnol nous a rappelé qu’il était aussi un collectionneur d’accessits. De San Sebastian (3e) au Tour de Lombardie (4e) en passant par la Vuelta (7e) et les Mondiaux (5e), il a sans doute payé le contrecoup de son exceptionnelle première partie de saison. Il faut bien, à un moment, que l’âge se fasse ressentir. Mais le talent du briscard lui permet encore d’être l’un des hommes les plus costauds du peloton de mars à juillet. Alors quand la réussite est en plus de son côté, rien ne peut l’arrêter dans sa quête de grands succès. Cette saison en a été l’exemple parfait. Valverde n’est pas mort, il est même plus vivant que jamais.

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