Chris Froome à l'avant, Alberto Contador en retrait, grimaçant, c'est une image que l'on pourrait revoir sur le Tour - Photo Sky
Chris Froome à l’avant, Alberto Contador en retrait, grimaçant, c’est une image que l’on pourrait revoir sur le Tour – Photo Sky

Écrasé par Christopher Froome sur le chrono du Dauphiné, Alberto Contador inquiète à un mois du grand départ du Tour de France. Pointé à deux minutes et quarante-cinq secondes d’un Froome pourtant « seulement » 3e de l’étape, le Pistolero a également perdu du temps sur des adversaires réputés modestes en contre-la-montre, tels que Pierre Rolland ou Alejandro Valverde. Aujourd’hui encore, il n’a pas résisté à l’accélération décisive d’un Froome survolté. Contador décroché à la pédale, même sur une course de préparation, c’est une image rarissime. Le trentenaire de l’équipe Saxo-Tinkoff réalise une bonne saison avec des performances honorables pour n’importe quel coureur (2e en Oman, 3e sur Tirreno et 5e au Pays-Basque), mais cependant en-deçà des standards exceptionnels d’un champion qui a écrasé les épreuves par étapes au cours des six dernières années.

La marche est-elle insurmontable pour Contador ?

Particulièrement sensible au pollen, l’Espagnol voit d’un mauvais œil un printemps bien tardif pointer enfin le bout de son nez. Le dérèglement des saisons entraîne logiquement un retard de ce fléau qui sévit majoritairement au mois de mai en France. Légèrement affaibli sur ce Critérium du Dauphiné, Contador ne peut que craindre un prolongement de ses symptômes jusqu’au début du mois de juillet, qui le placeraient dans de mauvaises conditions pour aborder le Tour du centenaire. On le sait, une partie de la course se jouera en première semaine avec notamment le contre-la-montre par équipes de Nice où l’équipe Sky de Froome pourrait déjà assommer Contador et la Saxo, dépourvue de rouleur de gros calibre, si l’on excepte l’irrégulier Kreuziger, secondé par un Rogers seulement sur le retour.

Depuis son retour de suspension, Contador est légèrement moins tranchant, à l’image d’anciens repentis passés par le même état, comme Basso et Valverde. Le Castillan est resté au plus haut niveau, mais a laissé sa place de patron du peloton aux Sky de Froome et Wiggins. Autrefois totalement impérial, Contador n’inspire plus la même crainte à ses adversaires. Ce changement de leadership, qui place l’ancien favori dans la position de l’outsider, pourrait déstabiliser ce coureur habitué à mener la danse au sein de formations dominantes telles que la Discovery Channel et Astana. Saxo-Tinkoff n’a pas la même puissance, et n’offre pas un soutient suffisant à son leader, parfois isolé.

Si une course comme le Tour d’Italie peut se gagner sans une grande équipe, Contador aura bien du mal à déstabiliser la machine britannique sur la Grande Boucle. L’année précédente, un Vincenzo Nibali résigné n’avait pratiquement rien tenté face au duo Froome-Wiggins, alors qu’il en avait sans doute les capacités. Cet impact psychologique de la Sky sur ses concurrents sera d’autant plus renforcé par l’absence de Bradley Wiggins, qui en montrant des signes de faiblesse sur le Giro, avait désacralisé l’impression de toute puissance que dégage cette équipe. En plaçant un démarrage à un kilomètre de la ligne d’arrivée de l’étape du jour, le Contador ancien aurait sans doute remporté l’étape. Il est tombé sur un os en la personne de Chris Froome. « Humilié » sur son propre terrain, l’Espagnol a déjà perdu la bataille de l’Avant-Tour.

Les enseignements du Dauphiné se confirment souvent sur le Tour

Baromètre du Tour de France ces dernières années, le Critérium du Dauphiné attire la majorité des favoris du Tour de France. Des points clés de la prochaine Grande Boucle sont systématiquement abordés sur la course alpestre, ce qui lui donne un avantage par rapport au Tour de Suisse. Dans son obstination à disputer l’épreuve helvétique, Andy Schleck a notamment perdu une occasion unique de reconnaître le contre-la-montre de Grenoble en 2011, où il perdra le maillot jaune au profit de Cadel Evans six semaines plus tard. Il est intéressant de constater que les quatre derniers vainqueurs du Tour de France avaient au préalable terminé sur le podium du Dauphiné : Contador 3e en 2009 puis 2e en 2010, Evans 2e en 2011 et Wiggins vainqueur en 2012. Une contre performance de l’Ibérique sur cette course souvent révélatrice serait de mauvaise augure pour la suite des évènements. Le chrono est la base d’une victoire sur un grand tour. Contador avait, lors de ses précédents succès, établi de grosses performances dans ce domaine, particulièrement sur l’effort solitaire d’Annecy en 2009, où il devança Cancellara. Un contre-exemple existe avec sa relative défaillance de 2010 entre Bordeaux et Pauillac, qui ne l’avait pas empêché de conserver sa mince avance sur un Andy Schleck au sommet de son art. Mais ce début de Dauphiné a tout de même de quoi inquiéter…

 Louis Rivas


 

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.