Le Tour est si particulier. Contador n’a jamais connu autre chose que la victoire finale sur le Giro ou la Vuelta. Mais sur les routes hexagonales, les années où il a échoué sont désormais plus nombreuses que celles où il a triomphé. Depuis six ans, il n’a même pas eu la joie de goûter au podium à Paris. Mais à 33 ans, il continue de croire qu’il peut venir battre Froome et Quintana, nouveaux patrons des grands tours.


Chacun y a été de sa spécificité. Alberto Contador est le seul des trois grands favoris du prochain Tour de France à être passé par Paris-Nice, alors que Chris Froome et Nairo Quintana ont choisi l’Herald Sun Tour et la Route du Sud pour s’isoler. Mais régulièrement, le trio a tout de même croisé le fer, pour des résultats assez équilibrés. Tous les trois ont remporté une course par étapes World Tour (et même deux pour Quintana, aussi victorieux en Romandie), et tous ont à un moment été dominés par un autre membre du trio. A l’approche du Tour, il y a de quoi sacrément brouiller les pistes. Alors pour certains, c’est le Dauphiné et la Route du Sud, épreuves remportées par l’Anglais et le Colombien, qui sont les plus significatives. Mais ne nous y trompons pas : jamais, avant de se parer de jaune à Paris, le Pistolero n’avait gagné l’épreuve alpestre (6e en 2007, 3e en 2009, 2e en 2010).


Si Contador et Quintana n’ont pas beaucoup gagné – trois fois moins que Froome et deux fois moins que Pinot -, ils ont fait preuve d’une grande régularité lors des arrivées au sommet. Et si le Colombien reste le maître en la matière, sa huitième place à Cerro el Amago demeurant son pire résultat de la saison au terme d’une ascension, Contador s’est monté très costaud, et toujours sur des épreuves où il avait de la concurrence. C’est d’ailleurs lui aussi en début de saison, sur le Tour d’Algarve, qu’il a connu sa seule mauvaise étape de montagne, avec une 21e place à l’Alto da Foia. Depuis, il ne cesse d’être placé, même s’il n’a été en mesure de lever les bras qu’à l’Alto do Malhão, toujours sur les routes portugaises. A l’aube d’une épreuve de trois semaines où le général se joue en partie sur la régularité en montagne, son début de saison apparaît donc comme rassurant.


Certains parlent aujourd’hui de lui comme d’un homme à neuf grands tours, refusant de lui retirer son Tour 2010 et son Giro 2011. Ça ne change pas grand chose. Qu’il compte actuellement sept ou neuf succès, Alberto Contador n’est qu’à une victoire d’une place encore plus grande dans la légende. En décrochant sa huitième épreuve de trois semaines, il monterait officiellement sur le podium de l’Histoire en compagnie de Jacques Anquetil. Si l’on considérait un hypothétique succès comme son dixième – car ce serait bel et bien la dixième fois qu’il monte sur la plus haute marche du podium à l’arrivée -, il entrerait dans un club où ne figurent aujourd’hui que Merckx et Hinault. De quoi classer le coureur. Alors bien sûr, ce n’est pas le palmarès et les victoires passées qui le feront triompher en juillet. Mais sa place dans le grand livre du vélo, l’Espangol y tient. Et il a là l’occasion de s’en offrir encore un peu plus.

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