Jamais dans sa carrière Alberto Contador n’avait connu une telle série. Depuis un peu plus d’un an, il a disputé trois grands tours, mais n’en a remporté aucun. Une anomalie pour le Pistolero, qui à bientôt 34 ans, a sans doute atteint un point de non retour.

Un ratio qui s’inverse

Jusque fin 2012, Alberto Contador était une machine. Sur huit grands tours disputés, il en avait remporté six – même si deux lui seront ensuite retirés. Seuls les Tours de France 2005 (son premier, à 22 ans) et 2011 (enchaîné après un Giro victorieux) lui avaient échappés. Mais depuis, la belle mécanique s’est enrayée. Il est difficile de dire que la suspension de l’Espagnol a changé les choses puisque après son retour, il est encore allé remporter un Giro et deux Vuelta. Mais l’âge, lui, a été sans pitié avec le Madrilène. La course rose, en mai 2015, est pour le moment son dernier succès sur une épreuve de trois semaines, et il paraît difficile d’imaginer Contador en conquérir un nouveau. Depuis l’arrivée à Milan il y a bientôt dix-sept mois, le leader de l’équipe Tinkoff a disputé trois grands tours. Pour ne monter sur aucun podium.

On pourrait dire que l’Ibère ne fait jamais dans la demi-mesure, et que c’est lié. Il n’a de toute façon jamais décroché une deuxième ou une troisième place sur une course de trois semaines. C’est la philosophie du garçon qui veut ça : il est prêt à risquer de tout perdre pour avoir une infime chance de gagner. En 2013, sur le Tour de France, il s’était battu jusqu’au bout pour faire vaciller Froome, jusqu’à se mettre lui-même en difficulté. Résultat, il avait cédé sa troisième place à Rodriguez, et terminé au pied du podium. Mais ce temps-là semble révolu. Si Contador n’est pas monté sur la boîte du Tour l’an dernier, ni sur celle de la Vuelta dimanche soir à Madrid, ce n’est pas parce qu’il a trop attaqué. Il n’est simplement plus en mesure de tenir le rythme de Chris Froome et Nairo Quintana. Sur les routes espagnoles, ces dernières semaines, il s’est d’ailleurs ouvertement battu pour la troisième place. Mais a été vaincu par un Esteban Chaves entreprenant.

A qui le tour ?

A bientôt 34 ans – il les aura en décembre prochain -, Contador n’a pas à rougir de ses performances actuelles. Si Cadel Evans avait remporté le Tour de France à cet âge en 2011, il s’agissait justement d’un exploit qui n’a pas manqué d’être salué. Et l’Australien n’avait pas face à lui les redoutables rivaux actuels du Madrilène. Pourtant, le Pistolero rêve lui aussi de partir sur un tel succès. Lever les bras à Paris, sur l’épreuve qui l’a révélé aux yeux du grand public à l’été 2007, serait pour lui la fin idéale. Mais désormais illusoire. Le double vainqueur du Tour n’a plus connu les joies du podium parisien depuis 2010, soit une éternité. Ces six dernières années, entre suspension, abandons et échecs sur la route, il navigue de déception en déception sur les routes de l’Hexagone. Il n’est plus le maître des courses de trois semaines. Et depuis peu, il n’est même plus le patron de la Vuelta, lui qui avant cette année, y avait gagné à chacune de ses participations. Incontestablement, Alberto Contador est en train de passer la main. Reste à savoir si quelqu’un saura prendre sa relève.

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