Au sommet du Mur de Huy, il y a une sensation de déjà vu. Alejandro Valverde qui l’emporte, Julian Alaphilippe qui prend la deuxième place, 2016 a été un remake de 2015. Mais en mieux pour le Français : s’il n’a pas gagné, il était un peu plus proche de l’Espagnol. A l’image de sa campagne d’ardennaises jusqu’ici, un cran au-dessus d’une cuvée déjà impressionnante l’an passé.

Revenu de nulle part

Après l’arrivée, l’accolade entre Valverde et Alaphilippe était symbolique. Si sur le papier, douze années et une pléiade de victoires séparent les deux hommes, sur la route, le rapprochement est de plus en plus tangible. La passation de pouvoir est imminente. Alors bien sûr, l’Espagnol est rentré dans la légende ce mercredi en devenant le seul homme quatre fois vainqueur sur la Flèche wallonne, et perdre derrière lui n’a rien d’une honte. Mais ça n’a pas empêché le Français de frapper son guidon en franchissant la ligne, et de montrer sa déception au moment de monter sur le podium. En leader qu’il est devenu sur la dernière année, le puncheur de l’équipe Etixx Quick-Step ne jure plus que par la victoire. Pourtant, il y a encore quelques mois, personne ne l’imaginait capable de revenir à ce niveau pour la semaine des ardennaises. Touché par une mononucléose cet hiver, il a eu des doutes, mais s’est remis en marche à une vitesse folle pour ne pas louper l’objectif de sa saison.

Après des abandons sur le Tour de Provence, au GP Samyn et sur les Trois jours de Flandre occidentale, Alaphilippe est redevenu un autre homme dès la première ardennaise : la Flèche brabançonne. En menant à la victoire son coéquipier Petr Vakoc, il s’est rassuré et a pris une place dans les dix. Puis, sur l’Amstel, il a terminé sixième, mieux que l’an passé. Forcément, il abordait donc la Flèche wallonne avec l’esprit libéré, sûr de sa force et de son retour au premier plan. « Lorsqu’on regarde le résultat de l’an dernier, il est normal que je devienne cette année un coureur à surveiller », expliquait-il au journal L’Equipe. Le garçon de Saint-Amand-Montrond le sait, après sa révélation de l’an passé, il est entré dans une autre dimension, même si on osait à peine attendre de sa part une véritable confirmation après son début de saison perturbé. Mais là encore, il a montré qu’il était du bois dont on fait les grands coureurs. Comme son illustre aîné Valverde.

Attendre son heure

« J’ai pris conscience que ces courses sont taillées pour moi », lâchait Alaphilippe avant l’épreuve, toujours à L’Equipe. Il l’a encore prouvé sur le Mur de Huy. Valverde était au-dessus de tout, a mené le groupe quasiment toute la montée avant d’aller cueillir un nouveau succès. Mais le Français, désigné co-leader de l’équipe Etixx avec Dan Martin, a été encore plus costaud que l’an passé. Pour sa deuxième participation seulement, il a tenu la roue de l’Imbatido jusqu’aux cent derniers mètres, où il a finalement craqué – de peu. Un pas de géant, surtout que derrière, tout le monde était loin. Il y a un an, c’était Valverde et les autres. Ce mercredi, c’était Valverde et Alaphilippe, puis les autres. Alors oui, le Français n’a pas encore réussi à faire mieux que deuxième. Mais le leader de la Movistar aura 36 ans la semaine prochaine, et ne va pas tarder à laisser la place. On sait désormais qui est en pôle pour devenir le nouveau patron des ardennaises.

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