Comme en 2016, il aura manqué à Alberto Contador quelques secondes seulement pour remporter Paris-Nice. Et comme en 2016, c’est un coureur de l’équipe Sky qui est venu, le temps d’une semaine, dominer l’Espagnol de 34 ans, toujours plein de panache mais qui doit se contenter d’une nouvelle deuxième place.

Fidèle à lui-même

Grâce à Alberto Contador, depuis deux éditions, la dernière étape de Paris-Nice est une véritable attraction. Le panache et la détermination du Madrilène en font toujours un adversaire redoutable, qu’il ait encore une chance de l’emporter ou non. Alors quand en plus le maillot jaune sur une course d’une semaine n’est qu’à quelques secondes, forcément, le Pistolero se transcende. Il y a un an, il pointait à quinze secondes de Geraint Thomas le dimanche matin. Il avait alors attaqué à près de cinquante kilomètres de l’arrivée pour tenter de désorganiser une formation Sky jusque-là très gestionnaire. Un coup d’épée dans l’eau, avant une nouvelle offensive, dans le final. Résultat, le leader de l’équipe Tinkoff avait repris un peu de temps, mais pas assez, et il avait échoué à quatre secondes du Britannique. Rageant.

Cette année, il avait largement plus de retard sur le leader, Sergio Henao : trente-et-une secondes exactement. Il n’était même pas deuxième du général au moment d’aborder cette dernière étape, Daniel Martin s’étant intercalé entre les deux hispanophones. Mais pas de quoi rebuter l’Espagnol, qui en même temps qu’il a essayé d’aller accrocher un succès symbolique, a envoyé un message à ses rivaux : même à 34 ans et quelle que soit sa forme, il sera toujours cet adversaire qui ne lâche rien. A 50 bornes de Nice, il a donc refait le coup de l’an passé, en plaçant une banderille dans la côte de Peille. Henao a suivi pendant quelques minutes, puis le double vainqueur du Tour de France s’est détaché. Il est entré dans un contre-la-montre jusqu’à la promenade des Anglais, dont il ne savait pas si il lui offrirait ou non la victoire finale. La suite, c’est un Contador aérien qui rattrape tout le monde en tête de course et s’isole même dans les derniers kilomètres, pendant que Henao tente de limiter les dégâts. Rapidement, on comprend que tout va se jouer à coup de secondes.

Seul le bourreau change

Problème, le Pistolero a beaucoup donné, et dans les deux derniers kilomètres, il voit revenir sur lui l’un des échappés, David De la Cruz. Son compatriote va même le battre au sprint, et lui chiper au passage de précieuses bonifications. Quand le maillot jaune Henao franchit la ligne, il sauve son paletot pour deux petites secondes. En remportant l’étape, Contador aurait donc bel et bien gagné Paris-Nice – il aurait bénéficié de quatre secondes de bonification supplémentaires. L’écart, à 20 kilomètres de l’arrivée, flirtait pourtant avec la minute. L’Espagnol peut sans doute nourrir quelques regrets. Mais de justesse, l’équipe Sky poursuit donc son hégémonie sur Paris-Nice. Avec Bradley Wiggins, Richie Porte par deux fois, Geraint Thomas et désormais Sergio Henao, les Britanniques ont remporté cinq des six dernières éditions. Contador, lui, n’y a plus gagné depuis 2010. Le symbole d’une domination qui s’est inversée.

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