Avec FDJ et Europcar, AG2R la Mondiale est la troisième équipe française faisant partie du contingent World Tour, illustrant à merveille le renouveau français, symbolisé par ce Tour de France 2014 inespéré, emmenant deux coureurs tricolores sur la boîte à Paris. Mais malgré cette incontournable apothéose, on aurait bien tord de limiter la saison du groupe dirigé par Vincent Lavenu au seul mois de juillet. Car de l’hiver à l’automne, ils ont été partout. Le juste reflet d’une septième place au classement UCI par équipes, après l’avoir épisodiquement mené.

Quatre raisons d’être satisfaits

La régularité de Jean-Christophe Péraud. Deuxième du Tour à 37 ans, peu de coureurs peuvent s’en targuer. Et pourtant, Jicé, lui, l’a fait après avoir maîtrisé son programme de courses et ses points de passages. Ciblant les courses par étapes où le contre-la-montre occupait une place prépondérante, il a décroché une collection de points World Tour, en passant par Tirreno (quatrième) et le Pays Basque (troisième). Ses deux victoires, ils les a décrochées dans le sud de la France, en haut du Mont Faron, et en Corse en s’adjugeant le général du Critérium International. Avant bien évidemment de briguer le haut de l’affiche sur la Grande Boucle, suivant notamment Nibali jusque dans les derniers mètres à Risoul. Il suffisait d’assurer sur le chrono de 54 kilomètres, ce qu’a fait le Toulousain avec beaucoup de maîtrise et malgré les obstacles. Difficile de l’imaginer progresser encore, certes, mais l’ancien vice-champion olympique du VTT a sans doute encore de quoi affiner son palmarès sur route.

L’explosion de Romain Bardet. Révélé au grand public par sa chevauchée solitaire sur les routes de l’Amstel Gold Race en 2012, le jeune auvergnat enchaîne de résultats remarquables et s’est affirmé à côté de Thibaut Pinot comme un futur très grand cet été. Peut-être plus à l’aise sur les classiques, comme en témoignent ses places d’honneur sur des monuments comme Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie, il se pose malgré tout comme un redoutable concurrent sur les courses d’une semaine montagneuses. Quatrième d’un Tour de Catalogne très serré, à dix secondes de Rodriguez mais devant Quintana et Froome pour ne citer qu’eux, ou cinquième d’un spectaculaire Dauphiné, il a montré un certain panache, en tentant d’attaquer ses rivaux dans la descente du Col de Val-Louron Azet. Avec Péraud, AG2R dispose d’une paire complémentaire qu’elle semble gérer à la perfection.

Un Domenico Pozzovivo épanouï. Encore très inconstant durant ses années italiennes, le grimpeur de poche a trouvé au sein de l’équipe savoyarde une formation permettant d’exploiter au maximum ses capacités vantées depuis longtemps. Le virevoltant vainqueur d’étape du Giro chez Colnago s’est transformé en un prétendant crédible aux classements généraux, et cela passait par un nouveau Tour d’Italie complet. Apparaissant comme le plus à l’aise des favoris au maillot rose durant la première moitié de l’épreuve, il a montré ses limites en troisième semaine en limitant la casse vis-à-vis des Colombiens et du jeune Aru, mais signant la meilleure performance de sa carrière sur son tour national (5e). À 31 ans, il s’est également découvert des qualités sur les classiques ardennaises, et a longtemps animé le terne bal liégeois, conclu lui aussi en cinquième position. Seul regret, sa deuxième partie de saison, sapée par une gastro au Tour de Suisse et un accident à l’entraînement le privant de la Vuelta.

Ses nombreux grimpeurs. Ne se contentant pas de briller par le biais de quelques individualités, AG2R la Mondiale a marqué les esprits en 2014 grâce à son collectif sans faille. Entièrement dévouée à Betancur en mars, à Pozzovivo en mai, et déchaînée en juillet, l’équipe a remporté les classements par équipes des deux premiers grands tours de l’année. Et ceux grâce à ses habituels équipiers, nombreux mais surtout motivés. Les plus en vue ? La recrue Alexis Vuillermoz, onzième du Tour d’Italie en gregario de luxe ; Maxime Bouet, en partance vers Etixx-Quick Step ; l’expérimenté Hubert Dupont ; le promu Kadri ; le régulier Mikaël Chérel ; le Luxembourgeois Ben Gastauer ou les fidèles transalpins Montaguti et Nocentini. Un bel élan de solidarité qui fait plaisir à voir.

Deux raisons d’être déçus

Le quiproquo causé par Carlos Betancur. Fantasque, l’adjectif n’est peut-être pas assez fort pour désigner ce puncheur à la giclette sortie de nulle part. Réussisant le coup parfait en levant les bras au Haut-Var et sur la Course au Soleil, assortie d’une démonstration dans le Mur de Fayence, l’ancien d’Acqua Sapone n’a pas poursuivi sur sa dynamique au printemps, rendant copie blanche au mois d’avril. Mais le plus inquiétant reste son attitude peu professionnelle à l’égard de ses dirigeants au cours de son mystérieux retour au pays. Le Colombien n’a tout simplement jamais donné signe de vie, avant un surprenant coup de téléphone pour annoncer son forfait en vue du Tour de France, qu’il avait pourtant ciblé. Puis, en pleine grande messe de juillet, on apprend par Vincent Lavenu que Betancur ne fera plus partie de l’effectif en 2015. Une fausse annonce qui fera couler beaucoup d’encre, allant même jusqu’à l’envoyer chez Etixx. Finalement, tout semblait rentrer dans l’ordre avec l’amorce d’un dialogue retrouvé, et une reprise de la compétition au Tour de Burgos. Mais les résultats y sont transparents, et ce jusqu’à Pékin il y a un mois. Peu flatteur, non ?

Les flandriennes. Comme tout gros effectif de World Tour qui soit, AG2R la Mondiale ne peut faire l’impasse sur de telles classiques, décisive au niveau des points World Tour mais surtout d’un prestige qui a peu d’égal sur l’ensemble de la saison. Pourtant, sur les pavés du Nord, pas grand chose n’était à se mettre sous la dent. Sébastien Turgot n’a jamais retrouvé son niveau d’il y a deux ans, dauphin de Boonen à Roubaix, alors que parallèlement, Damien Gaudin n’a pas plus existé que Steve Chainel. Le départ de ce dernier vers Cofidis ne montre pas un réel désir d’amélioration dans ce domaine, et le recrutement de Bakelants ou de jeunes talents à l’image de Pierre-Roger Latour prouve la volonté à peine cachée de devenir une alternative aux armadas Sky, Tinkoff et Astana sur les courses par étapes. Un choix clairement assumé.

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