Son grand objectif, c’était le Giro. Il l’avait annoncé, préparé d’une manière inédite, millimétrée, et nul doute qu’il était dans les temps, comme le témoigne sa victoire finale en Catalogne, lors du mois de mars. Sauf qu’une chute est venue bouleverser ses plans. De quoi contraindre le grimpeur de poche catalan à faire sa venue sur la Grande Boucle avant de disputer sa Vuelta nationale. Un temps espéré comme possible trouble fête au général après son podium de 2013, les espoirs ont vite été douchés et son objectif avoué reste la victoire d’étape, et maintenant ce maillot à pois. Judicieux ?

Une tactique peu appropriée

En perdant de manière conséquente du temps dès les premières étapes de plaine, où corsées, Purito Rodriguez pensait pouvoir se donner du champ libre pour les jours à venir et les semaines suivantes. L’étape de Gérardmer et ce mur de la Mauselaine, où encore la Planche des Belles Filles, et certaines étapes pyrénéennes pouvaient légitimement l’inspirer. A l’heure de la traversée alpine, le verre est à moitié vide. Malgré des jambes un peu meilleures qu’au grand départ, le bilan comptant reste relativement décevant. Dans une étape pourtant promise aux baroudeurs et avec le premier col de première catégorie de ce Tour de France, à savoir le Markstein, il n’a pas assumé son statut alors qu’il était marqué par tous, et que personne ne souhaitait faire l’effort pour rattraper Tony Martin. Et son coéquipier Simon Spilak, échappé par la même occasion mais transparent depuis le départ ? Un soutien peu rentable, sans faire offense au Slovène, puisque le vainqueur d’étape au Dauphiné n’a aucunement pesé sur la suite de la poursuite. Autre gros regret pour cette équipe Katusha, avec cette dixième étape vers la Planche des Belles Filles, où en plus du maillot de meilleur grimpeur, l’Espagnol aurait pu prétendre à une victoire d’étape de prestige sur le Tour, lui qui n’en compte qu’une à Mende, si la collaboration avec Kwiatkowski et Visconti n’avait pas mieux marché du sommet des Chevrères au pied de la dernière difficulté.

Mais c’est surtout hier que son équipe Katusha a étonné par sa tactique incompréhensible, même en interne. En faisant rouler d’arrache-pied toute son équipe dans la longue plaine grenobloise avant d’entamer la première difficulté significative, le Col de Palaquit, Joaquim Rodriguez se trouvait dans une position idéale pour tenter de dynamiter le final de cette treizième étape, ou, au mieux, d’assurer les points pour le maillot à pois. Au final ? Deux maigres points en haut d’un col de première catégorie, qui plus est pentu et adapté à ses qualités, et une arrivée à plus de vingt minutes du leader Vincenzo Nibali. Cerise sur le gâteau dans cette journée faite à l’envers, le poisson pilote habituel d’Alexander Kristoff et champion de Russie Alexander Porsev est arrivé hors-délais. Cela fait beaucoup pour la bande à Viacheslav Ekimov, qui se retrouve épuisée au moment de prendre le départ de l’étape reine des Alpes ce samedi. Franchement, n’y avait-il pas mieux à faire ?

Quelle fin de Tour pour lui ?

Car en suivant des stratégies pareilles, cela finit toujours par retomber sur vous-même, et les critiques venues du peloton, dont celles des échappées de la journée, sont assez explicites. « Il y avait la possibilité de rentrer dans le top 10, de faire quelque chose de grand, mais les Katusha en ont décidé autrement. Et Rodriguez finit à 20 minutes. Ils ont l’air malin » , déclarait Brice Feillu, remonté à l’arrivée. En dehors du seul Rodriguez, c’est aussi une Grande Boucle en deçà des espérances pour Simon Spilak, spécialistes des courses d’une semaine et qui devait avoir les coudées franches pendant le mois de juillet, ce qui n’est pas le cas, puisqu’il met systématiquement la main à la pâte une journée sur deux. Relativisons tout de même, ce Tour n’est et ne sera pas à oublier pour la structure russe, qui fait partie des six équipes à avoir décroché un bouquet depuis le départ de Leeds. Mais que peut-elle viser d’autre maintenant ? Si Rodriguez parvenait à se sublimer et à perfectionner sa lutte pour le maillot de meilleur grimpeur, rappelons que les points doublés en haut des arrivées au sommet ne sont pas là pour le favoriser, bien au contraire, puisque Vincenzo Nibali, seul au monde lors de ces étapes là, a déjà récupéré le paletot convoité, et possède dix-sept points d’avance pour le moment. En passant en tête du Lautaret et de l’Izoard, le double vainqueur du Tour de Lombardie glanerait 35 points, et reprendrait 18 points d’avance sur le Sicilien. Mais, si le maillot jaune parvenait à s’imposer pour la quatrième fois de ce Tour en haut de Risoul, le coureur d’Astana resterait en tête.

Une équation plutôt compliquée, puisqu’il lui faut faire le break dans les cols et les côtes intermédiaires. Julian Arredondo avait souffert face à la remontée de Nairo Quintana en troisième semaine sur le Giro pour conserver son maillot bleu, et cela illustre bien la difficulté de la tâche à l’heure actuelle. La dernière réforme datant de 2012, qui plus est, dévalue quelque peu les difficultés de quatrième et troisième catégorie. Un, deux points, et seulement cinq points sont attribués au sommet des ces difficultés dans l’ordre croissant de leur évaluation par les organisateurs. Sur une étape de 237 kilomètres arrivant à Bagnères-de-Luchon, seul le Port de Balès sera classé en hors catégorie, alors que les pourtant célèbres cols du Portet d’Aspet et des Ares ne rapporteront que cinq et deux points. Tout à l’avantage d’un coureur visant le classement général, avec les arrivées au sommet du Pla d’Adet ou encore d’Hautacam, sous peu qu’une course de mouvements avec les principaux favoris surpassent les traditionnelles échappées dans l’une des étapes Pyrénéennes. Concernant le principal intéressé, une victoire d’étape serait surtout bienvenue, et il a certainement en tête le modèle d’Alejandro Valverde en 2012, à la rue lors des deux premières semaines, mais victorieux à Peyragudes, avant de monter sur le podium du Tour d’Espagne un gros mois plus tard. Mais si il retient cette solution, il est quand même certain qu’il devra se la jouer plus fine. Tout le problème des coureurs de renom, trop surveillés ?

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