Il est la surprise du jour. Un champion de France du chrono qu’on n’attendait pas du tout. Mais qu’on va devoir s’habituer à voir en haut de l’affiche. Pierre Latour, 23 ans, franchit les étapes à vitesse grand V. Son heure viendra sur les courses de trois semaines, c’est une certitude. Mais quand ? C’est la seule question qui se pose désormais.

Le plus vite possible par Robin Watt

Pourquoi attendre quand le talent est là ? Oui, Pierre Latour est encore très jeune et on pourrait se dire qu’il n’y a pas urgence. Mais il montre, course après course, qu’il est capable d’accrocher les meilleurs. Après l’exclusion de Romain Bardet sur Paris-Nice, il a terminé septième au sommet du Col de la Couillole. A Leysin sur le Tour de Romandie, pareil : septième. Et sur le Dauphiné, alors même qu’il travaillait pour Bardet, il était onzième du général avant l’étape de l’Alpe d’Huez – 15e au terme de l’épreuve. Latour apprend vite, très vite. En montagne surtout, mais aussi en chrono. Son titre, acquis à la surprise générale ce jeudi, en est une preuve inattendue.

Meilleur rouleur tricolore, ça ne veut pas dire qu’il ira tout de suite titiller les meilleurs dans l’exercice. Mais c’est une base solide pour progresser. Sur le Tour de France qui débute dans dix jours, il sera encore l’un des lieutenants les plus importants de son leader, en quête d’un nouveau podium à Paris. Mais très vite, il pourrait aspirer à plus. Sa première Vuelta, l’été dernier, avait accouché d’une victoire d’étape en dernière semaine. Le garçon ne perd pas de temps. Alors avec Bardet, il va falloir trouver une façon de cohabiter. Mais il serait bien trop dommage de voir Pierre Latour cantonné à un rôle d’équipier. Il a prouvé, depuis un an, qu’il pouvait être bien plus.

Sans se précipiter par Théo Sorroche

Trop de pression, trop tôt. Comme souvent, le public français s’enflamme sur la nouvelle pépite du cyclisme. Il nous manque un grand champion de la petite reine depuis Jalabert et chaque nouvelle perle nous donne à rêver. Mais livrer un jeune coureur aux affres du leadership est un exercice périlleux, qui se retourne assez souvent contre l’espoir lui-même. Pierre Rolland et son talent brut, jamais totalement exploité, en sont la preuve. AG2R a pris le temps avec Romain Bardet, qui a éclos dans l’ombre de Jean-Christophe Péraud sur le Tour 2014. Le Français avait alors décroché la sixième place du Tour. Une garantie que l’on attend de la part d’un coureur autour duquel on construit un groupe pour une épopée de trois semaines. Preuve que la patience paie, Bardet est désormais dans la position d’un favori solide à la Grande Boucle.

Certes, Pierre Latour a de belles aptitudes, mais a-t-il inscrit son nom ne serait-ce qu’à un top 10 d’un classement général d’une épreuve World Tour? Non, pas encore. Certes, le Drômois a remporté le championnat de France du contre-la-montre aujourd’hui, mais le niveau hexagonal, d’une faiblesse abyssale, ne doit pas tromper sur la performance. Alors oui, Pierre Latour est un prodige plein de promesses, mais il est aussi un très jeune athlète de 23 ans à qui il faudra du temps. Laissons-le réaliser un grand Tour de France en soutien de son leader Romain Bardet tout en assurant une belle place au général et nous pourrons aviser. C’est déjà beaucoup lui demander.

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