Entre champions en reconquête et jeunes pousses nouveaux patrons du peloton, ils viennent de tous les horizons. Mais ils ont un point commun : pour eux, la saison qui s’achève restera comme un grand cru. Surtout qu’on ne les attendait pas à ce niveau.

Esteban Chaves / Orica Green-Edge

Terminer sur le podium d’un grand tour aurait déjà été une réussite pour le Colombien. Mais il a fait encore mieux, montant sur la boîte au mois de mai comme au mois de septembre. Battu par Vincenzo Nibali sur le Giro, il a su compenser en montagne ses faiblesses en chrono pour tenir une deuxième place qui était alors la confirmation de sa très belle Vuelta 2015. Puis il est justement revenu sur les routes espagnoles, à la fin de l’été, pour s’immiscer dans la bagarre entre Quintana, Froome et Contador. Et au prix d’une incroyable offensive la veille de l’arrivée à Madrid, il est allé chercher un nouveau podium. Invraisemblable quand on sait ce qu’a traversé le grimpeur sud-américain après son grave accident en 2013. Sauf qu’il restait sans doute le meilleur : une victoire sur le Tour de Lombardie, son premier monument, qui rend sa saison encore plus improbable.

Mark Cavendish / Dimension Data

Quitter l’armada Etixx pour la seconde division était donc le bon choix. Mark Cavendish a retrouvé chez Dimension Data une équipe à son service. Et il est redevenu le meilleur sprinteur du peloton. Même lui n’en doute plus aujourd’hui. « Oui, je crois que je suis le plus rapide », assurait-il à Cyclingnews il y a quelques jours. Le mois de juillet en a été la plus belle illustration. Avec quatre nouvelles étapes, il est rentré dans l’histoire. Désormais, seul Eddy Merckx peut encore se targuer d’avoir gagné davantage sur la Grande Boucle (34 succès contre 30). Mais le Britannique ne s’est pas contenté de lever les bras sur la ligne : il a aussi goûté aux joies du maillot jaune. A 31 ans, il était temps. Il n’a finalement manqué qu’un maillot arc-en-ciel à Doha, où il n’a rien pu faire face à Sagan, pour sublimer une saison déjà inespérée.

Romain Bardet / AG2R La Mondiale

Beaucoup attendaient Thibaut Pinot sur le Tour, surtout après son très beau début de saison. Mais c’est bien Romain Bardet qui a porté haut les couleurs françaises. Discret en début de saison, il a montré les dents sur le Dauphiné en terminant sur les talons de Froome. Il a réédité la performance en juillet, même si cette fois il y a eu un peu moins d’espoir en vue du maillot jaune. Auteur d’un gros chrono et d’un raid plein de panache à deux jours de l’arrivée parisienne, il est passé de cinquième à deuxième pour s’offrir son premier podium en grand tour. Résultat, il a même fait mieux que son « rival et ami » Pinot, lui aussi sur la boîte il y a deux ans, mais sur la plus petite marche.

Tom Boonen / Etixx Quick-Step

Avec les années, il devenait difficile de compter sur « Tommeke » en vue des classiques. Depuis quelques saisons, le Flamand ne pesait plus sur les courses. Mais Paris-Roubaix reste son jardin, et il a suffi d’un dimanche de printemps pour que Boonen soit le héros de la plus belle course de l’année. Le héros toutefois malheureux. A l’origine d’une offensive à plus de 100 kilomètres de l’arrivée, il a largement entrevu un cinquième succès dans l’Enfer du Nord. Mais il est tombé sur un os appelé Mathew Hayman. Qui a au moins eu le mérite de forcer la légende à poursuivre une demi-saison supplémentaire, histoire de revenir une dernière fois sur ces pavés qu’il chérit tant.

Greg van Avermaet / BMC

Plus personne n’ose désormais se moquer de Greg van Avermaet. Longtemps, il a été le loser magnifique, celui que l’on se plaisait à voir terminer deuxième. Ce temps-là est révolu. Vainqueur d’une étape sur le Tour et maillot jaune pendant trois jours, il a vécu un très grand mois de juillet. Avant un mois d’août qui restera comme le point d’orgue de sa saison avec le titre olympique décroché à Rio. Autrement, le Flamand a remporté Tirreno-Adriatico, le Het Nieuwsblad et le Grand Prix de Montréal. Assez pour mettre de côté la déception du printemps, où tombé sur le Tour des Flandres, il n’a pas pu défendre ses chances ni disputer Paris-Roubaix.

Jarlinson Pantano / IAM Cycling

Le Colombien a offert à l’équipe suisse une dernière saison ponctuée de succès et de panache. Vainqueur sur le Tour de Suisse, il avait déjà donné le sourire à ses dirigeants. C’était sans compter sur la Grande Boucle, dont il a été l’un des plus grands animateurs. Présent aussi bien dans les montées que dans les descentes, Pantano, qui avait comme idole de jeunesse un certain Pantani, a enthousiasmé tous les observateurs. Sa victoire d’étape à Culoz, même si elle s’est faite aux dépens de quelques français, a été saluée comme il se doit. Tout proche de remettre ça à Finhaut-Emosson ou Morzine (deux fois deuxième), le Colombien a tapé dans l’œil et signé chez Trek pour 2017. Rien de plus mérité.

Arnaud Démare / FDJ

Une victoire sur un monument vous change un homme. Malgré les circonstances et les polémiques qui ont pu suivre, Arnaud Démare reste et restera, dans les livres d’histoire, le vainqueur de Milan-Sanremo 2016. Et rien que pour ça, sa saison est une réussite. Surtout que personne ou presque ne l’avait vu venir. Même son compatriote Nacer Bouhanni était davantage cité parmi les outsiders. Mais la Primavera, une fois de plus, a montré à quel point elle était imprévisible. Pour Démare, il restera toutefois la frustration de ne pas avoir décroché d’autre grande victoire cette année. Sur le Giro, il n’a pu faire mieux que deuxième. Idem sur Paris-Tours. Sans compter les Mondiaux. Il s’en est fallu de peu qu’il devienne en un an une référence du sprint mondial.

Adam Yates / Orica Green-Edge

Il est passé tout proche d’un podium à Paris. Pendant près de deux semaines, le Britannique était sur le podium provisoire du Tour de France. Puis Romain Bardet a débarqué et tout renversé dans les derniers jours, et c’est Adam Yates qui en a fait les frais. Qu’importe. Quatrième du Tour à 23 ans, pour sa deuxième participation, c’est déjà beaucoup. Romain Bardet, justement, n’avait pas fait aussi bien à l’époque. Pour le frère de Simon, petit prodige chouchouté depuis plusieurs années par Orica, cette première expérience en tant que leader a donc tout d’une grande réussite. Malgré un isolement criant dès les premières pentes, il a tenu tête à des garçons comme Quintana, Porte ou Rodriguez. De quoi saliver d’avance à l’idée de le voir associé à Esteban Chaves.

Wout Poels / Sky

Au sein de l’équipe britannique, il faut savoir ne pas prendre la grosse tête. En juillet, Wout Poels a sans doute été le meilleur équipier de Chris Froome – même si le Britannique ne semblait avoir besoin de personne pour l’emporter. Pourtant, quelques semaines plus tôt, le Néerlandais s’était offert le plus grand succès de sa carrière sur Liège-Bastogne-Liège et aurait pu revendiquer un nouveau statut. Celui d’un deuxième leader, au moins. Mais il a su rester à sa place. Celle d’un gregario de luxe qui, le temps d’une journée, a su profiter des libertés qui lui ont été octroyées. Pour inscrire son nom dans l’histoire, à défaut de l’avoir marqué. Et gagner le respect au-delà de sa propre équipe, consciente depuis bien longtemps du coureur dont elle dispose.

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