C’est à peine si certains osaient y penser. Chez les bookmakers, ils étaient loin des favoris. Mais ces dix coureurs ont su déjouer les pronostics pour s’offrir des victoires qu’on ne leur prédisait pas. Dans le lot, trois vainqueurs de monuments, quelques chronos, et des cadors qui ont su briller loin de leur domaine de prédilection. Voici, pour nous, les dix victoires surprises de 2016.

10. Miguel Angel Lopez sur le Tour de Suisse

A 22 ans, le garçon ne dispute que sa deuxième saison chez les professionnels. Mais sur l’épreuve helvétique, l’équipe Astana décide de lui donner les clés du camion. Résultat, aucune victoire d’étape, mais une régularité impressionnante, à la fois en montagne et sur les chronos. Pour, au bout d’une semaine, rafler le maillot de leader et le conserver jusqu’à Davos. Loin de sa Colombie, Lopez brille donc déjà chez les grands. Sur un Tour de Suisse plein de surprises, puisque derrière lui, sur le podium, Ion Izagirre et Warren Barguil n’étaient pas beaucoup plus attendus.

9. Greg van Avermaet sur Tirreno-Adriatico

On n’imaginait pas le Belge remporter une course d’une semaine comme Tirreno-Adriatico. Et sans circonstances particulières, il n’en est évidemment pas capable. Mais au printemps dernier, l’épreuve italienne se voit amputée de son étape reine. La seule vraiment montagneuse, qui devait faire le tri au classement général. Alors Van Avermaet ne se fait pas prier. En décrochant l’avant-dernière étape, il s’offre le maillot bleu de leader et le sauve pour une seconde sur le chrono du lendemain. De quoi inscrire son nom au palmarès de la course des deux mers, devant Peter Sagan.

8. Primoz Roglic à Chianti, sur le Tour d’Italie

En terminant deuxième de l’ultime étape du Tour de Catalogne, le Slovène était passé à côté de sa première victoire en World Tour. Mais ce n’était que partie remise. Encore deuxième sur le prologue du Giro, il frappe très fort huit jours plus tard, lors du chrono de Chianti. Alors qu’il reste une énigme pour beaucoup, l’ancien sauteur à ski se paye le scalp de spécialistes comme Cancellara, Küng ou Dumoulin. Un premier bouquet dans l’élite du cyclisme mondial acquis dans l’adversité, mais avec une domination presque insolente.

7. Dan McLay sur le GP de Denain

Le sprinteur britannique, au départ de la course, fait partie des hommes à surveiller. S’il n’a pas encore gagné en 2016, ses adversaires le savent dangereux. Mais à un peu plus de 100 mètres de la ligne d’arrivée, le voyant au-delà de la quinzième place, les sprinteurs se disent sans doute qu’il n’est plus une menace. Une erreur de jugement qu’on ne peut leur reprocher tant la remontée de McLay sera ensuite impressionnante et imprévisible. En quelques secondes, il remonte tous ses rivaux pour finalement lever les bras, dans l’incrédulité générale.

6. Chris Froome à Bagnères-de-Luchon, sur le Tour de France

Voir le Britannique s’imposer en montagne n’a rien d’une surprise. Au bas d’une descente en revanche, c’était inédit. La veille de l’arrivée au sommet d’Andorre-Arcalis, où l’on attendait véritablement la première bagarre, Froome surprend tout le monde. Au moment de basculer dans la descente du col de Peyresourde, il se porte en tête de groupe puis se donne à bloc jusqu’à la ligne d’arrivée, seize kilomètres plus bas. Grâce à cette offensive, il marque les esprits. Et s’empare d’un maillot jaune qu’il ne quittera plus jusqu’à Paris. C’est le Chris Froome version 2016.

5. Thibaut Pinot à Sion, sur le Tour de Romandie

Chaque année, il est question des progrès du Français dans l’effort solitaire. Parfois, il faut bien chercher pour trouver des signes encourageants. Et puis à d’autres moments, Pinot impressionne au-delà des espérances. En Romandie, alors qu’il est en lutte pour le classement général, il remporte alors le contre-la-montre de Sion devant Dumoulin, Froome, Quintana ou encore Zakarin. Un véritable exploit qui le replace deuxième dans la course au maillot jaune. Malheureusement, il ne parviendra pas à faire vaciller Quintana sur l’ultime étape de montagne, le lendemain.

4. Wout Poels sur Liège-Bastogne-Liège

Quelques jours après le nouveau duel Valverde-Alaphilippe sur la Flèche wallonne, le public attend le match retour. Mais les favoris se regardent et la Rue Naniot, nouveauté du parcours, ne fait qu’accentuer l’attentisme général. A trois kilomètres de l’arrivée, Poels, Albasini, Costa et Sanchez s’extirpent du peloton. C’est entre eux que va se jouer la victoire finale, faute de réaction chez les favoris. Et au sprint, c’est le Néerlandais qui est le plus rapide pour aller décrocher le plus beau succès de sa carrière.

3. Arnaud Démare sur Milan-Sanremo

Qui l’eut cru ? C’est ce que nous titrions après la victoire du Français sur la via Roma. Les observateurs français, avant l’épreuve, parlaient volontiers de Nacer Bouhanni comme d’un prétendant à la victoire. Mais très peu d’Arnaud Démare. Mais même après sa chute à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, le sprinteur de la FDJ ne lâche pas. Il recolle au peloton dans la Cipressa, se refait une santé, passe le Poggio sans encombres et profite des quelques chutes dans les derniers hectomètres pour remporter le sprint. Improbable.

2. Alexander Foliforov à l’Alpe di Siusi, sur le Tour d’Italie

Au sein de l’équipe Gazprom-Rusvelo, Sergey Firsanov impressionne depuis le début de saison. Pourtant, lors du cronoscalata de la dernière semaine du Giro, c’est son jeune coéquipier Alexander Foliforov qui va briller. Sur l’Alpe di Siusi, le garçon est irrésistible. Il réalise rapidement le temps de référence, qu’aucun leader ne parviendra finalement à battre. Même Steven Kruijswijk, qui s’offre ce jour-là le maillot rose, échoue à moins d’une seconde. Le grimpeur russe peut savourer, il vient de remporter une étape de grand tour. Sa seule victoire professionnelle à ce jour.

1. Mathew Hayman sur Paris-Roubaix

Sagan, Boonen, Cancellara. Le trio va se battre, pense-t-on, pour un succès de prestige afin de clore les classiques flandriennes. On ne s’attend pas, en revanche, à vivre l’une des plus belles courses des dix dernières années. A 100 kilomètres de l’arrivée sur le vélodrome roubaisien, l’épreuve s’emballe déjà sous l’offensive de Tom Boonen. La suite, c’est plus de deux heures d’un scénario complètement fou, dont Mathew Hayman sortira finalement vainqueur. A presque 38 ans, l’Australien s’est invité à la table des cadors, et a privé le roi Boonen d’un succès historique. Le monde du vélo n’en croit pas ses yeux.

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